Akira Kurosawa délaisse le Japon féodal pour livrer ici un mélange de polar contemporain et de drame psychologique. On y suit un cadre supérieur qui se voit réclamer une rançon par le ravisseur de son fils. Mais rapidement, il s'avère que ce n'est pas son enfant mais celui de son chauffeur qui a été kidnappé ! Payer la rançon d'un autre ou protéger le confort de sa famille, le dilemme sera cruel...
Ce film est avant tout élégamment mis en scène, avec beaucoup de précision et de savoir faire dans le choix des plans, le montage visuel et sonore (la bande son, discrète, y est pourtant percutante). On y notera quelques idées originales (notamment une incursion inattendue de couleur), ainsi qu'une intrigue qui reste très moderne. Celle-ci montre dans sa partie policière tout le travail réalisé pour tenter de résoudre l'affaire, classique mais très efficace.
Toutefois le film se veut plus profond, d'une part avec le portrait du père, incarné par un excellent Toshiro Mifune, montré comme un homme certes riche et fier de ses privilèges, mais qui a aussi le sens du travail et des valeurs qu'il n'est pas prêt à transgresser. D'autre part, comme son titre le suggère, "Entre le ciel et l'enfer / Tengoku to Jigoku" évoque les strates de la société japonaise, allant de la pauvreté extrême jusqu'aux opulents, à travers un scénario sombre. Un choix presque politique étonnant, pour un film réussi.