A la lecture du synopsis on pouvait aisément craindre un drame romantique suranné teinté à l’eau de rose. Imaginez-vous en Angleterre dans les années 20, si les classes sociales sont encore bien en place, elles trouvent un premier terrain d’égalité. En effet, toutes sont fortement touchées par l’hécatombe de la jeune génération durant la première guerre mondiale.
Jane, une servante, fréquente secrètement Paul, un Aristocrate qui doit bientôt se marier.
Mince, en prime nous avons encore droit à Colin Firth et Olivia Colman (qui sont là encore excellent mais un peu trop souvent au générique) !
Pourtant « Entre les lignes » est une délicate et excellente surprise délivrée avec brio par Eva Husson. Notre réalisatrice Française parvient à faire un film sooo British en gardant sa marque de fabrique : explorer l’humain de près, délicatement et profondément, dans sa nudité et ses sentiments le plus exaltés.
Et de la nudité, il n’en manque pas durant de nombreuses et longues scènes. Généralement ces moments sont filmés maladroitement, voire sont assez inutiles. Ici, tout semble naturel et lumineux. Les plans et l’éclairage sont absolument sublimes et ils offrent au sexe et aux corps nu le parfait et dernier terrain de liberté qu’ils représentent.
La relation éclate les codes, les classes, Jane peut exprimer son audace et jouir fugacement de ce qui devrait lui être totalement inaccessible.
Cet abandon des corps et des normes sociales est un parfait mélange de sensualité et de sensibilité. Porté à l’écran par un duo d’acteurs au diapason : Odessa Young et Josh O'Connor qui sont touchants malgré leur retenue Anglaise oblige.
Au final, Eva nous livre un portrait de femme avec une force revendicative subtile mais puissante, sans oublier, même s’il semble un peu trop en retrait, la force des origines de l’inspiration de l’écrivaine en devenir.
Il n’y a rien à lire entre ces lignes à part une invitation franche et cordiale à aller savourer cette petite merveille sur grand écran.