En 2008, Sean Penn, président du jury à Cannes, remet la Palme d'or à Entre les murs du regretté Laurent Cantet. Honorant ainsi sa (stupide) promesse de récompenser uniquement un film politique en haut du palmarès. Et même si on avait de quoi bondir à l'époque (avait-il été récompensé pour de bonnes raisons ?), j'ai personnellement bien fermé ma gueule à la sortie du film.
Adapté du livre de François Bégaudeau, qui retraçait sa propre expérience de prof, Entre les murs est une sorte de miracle comme il en arrive peu dans notre cinéma français. Entièrement construit au fil d'improvisations, le film de Laurent Cantet déploie un dispositif construisant la fiction comme si elle était un documentaire.
Non seulement, c'est aussi captivant qu'un reportage en immersion (et sans commentaires) mais cela trouve surtout la bonne distance. Ni pourfendeur de l'éducation nationale, ni partisan de l'élève roi, Cantet montre les choses sans les juger. Tour à tour idiots, drôles, touchants, énervants ou brillants, les profs et les élèves sont mis sur un pied d'égalité salutaire, permettant au spectateur de se construire sa propre vision du film. Ce selon son propre parcours et ses opinions.
En cela, Entre les murs est l'exemple parfait d'un film démocratique, aussi bien dans la réception du spectateur qu'en resituant la salle de classe comme un lieu de débats, qu'ils soient petits ou grands, légitimes ou abscons, légers ou graves, circonscrits au groupe ou universels.
En sus, Entre les murs est vraiment drôle et les acteurs sont excellents et très justes. Et à l'issue du film, une légère mélancolie apparait tant c'est une année entière qui vient de passer, à une allure folle, sous nos yeux, avec ces drames, ces joies, ces erreurs,.... Bref, du cinéma qui capture la vie, un domaine dans lequel le cinéma français excelle rarement mais de façon indiscutable quand c'est le cas.
Très grand film.