Adaptation du roman culte d'Anne Rice, Entretien avec un vampire bouleverse le genre vampirique auquel nous avions été habitués au cinéma grâce à une fidèle retranscription du style narratif emprunté au roman original où l'histoire nous est racontée par le biais d'une interview naturelle et réaliste. Francis Ford Coppola avait par ailleurs lui aussi essayé de retranscrire le côté épistolaire du roman-phare de Bram Stoker dans son adaptation de 1992. Soucieux de respecter au maximum l’œuvre littéraire de la romancière américaine, Neil Jordan, qui avait déjà tâté du fantastique avec La Compagnie des Loups et la comédie High Spirits, nous livre ainsi un long-métrage passionnant, quasi-parfait.
Multiples décors et costumes d'époque soignés, photographie somptueuse, mise en scène maîtrisée et surtout casting de rêve sont la clé de cette réussite. Conservant son charme ravageur mais changeant toutefois de registre par rapport à ses précédents rôles de héros, Tom Cruise s'avère étonnant en mentor vampire manipulateur face à un Brad Pitt angélique et innocent qui va nous narrer, à un journaliste incrédule et à nous autres spectateurs, comment il est devenu un suceur de sang et quelles sont les mœurs de ce peuple des ténèbres nourri à toutes les élucubrations au fil du temps.
Notons également la présence d'une Kirsten Dunst alors débutante tout simplement remarquable du haut de ses douze ans, dirigée à la perfection et délivrant une performance à la fois crédible, touchante et même parfois effrayante. Nanti d'une direction artistique soignée comprenant effets spéciaux convaincants et maquillages réussis, le film se délecte, proposant autre chose que les classiques chasses aux vampires auxquelles on a été habitués depuis des lustres. Neil Jordan capte l'essentiel, réalise son film avec passion et porte définitivement à l'écran une des plus belles fresques vampiriques jamais réalisées.