Langueur et vicissitudes du temps qui passe...
Lorsqu'il est sorti au cinéma, ce film m'a fait forte impression.
En effet, les adaptations de romans sur grand écran sont souvent parcellaires, édulcorées voire totalement vidées de leur substance. Cet entretien avec un vampire tient toutes ses promesses. Dans mon souvenir, il reste fidèle aux écrits d'Anne Rice, même si une partie a dû être sacrifiée sur l'autel de l'efficacité cinématographique. Mais l'esprit demeure, intact.
Les acteurs principaux aspirent à porter leurs rôles immortels avec le panache baroque qui convient. Tom Cruise porte une longue chevelure (un peu précieuse), ce que je n'avais plus vu depuis "Legend" et campe un Lestat taquin et inquiétant. Brad Pitt incarne Louis et son sempiternel spleen sans effort apparent. Antonio Banderas enfile sobrement le costume d'Armand, le sombre et ancien vampire de Paris tandis que Kirsten Dunst, encore fort jeune, joue pourtant de façon tout à fait crédible l'immortelle Claudia.
Le décor est planté, le micro est branché et la narration peut commencer. L'arrivée de Louis dans la non-vie se fait dans la douleur, les remords et la culpabilité. Le spectateur assiste avec fascination à cette naissance obscure qui va générer bien des drames, à commencer par la non-vie de Claudia.
Ce film de vampire aborde le genre par le prisme du questionnement du sens de la vie et du passage du temps, respectant ainsi une tradition "sérieuse" du vampire. C'est bien avant la mode des grands bruns ténébreux qui font se pâmer les jeunes filles en fleurs. Ici, le vampire est plus gothique, décadent, un rien suranné. Tout à fait dans la veine que j'apprécie.
Le temps file et l'épilogue survient sans que le spectateur ne se soit ennuyé ou assoupi. Une belle réussite comme le cinéma en produit de temps à autre mais qui reste suffisamment rare pour être appréciée à sa juste valeur.