La nouvelle législation polonaise contre la maltraitance animale globale, démontre que seuls 49% des polonais seraient contre l'utilisation des animaux dans les cirques et à Jerzy Skolimowski de rajouter une voix.
EO n'a pas eu la reconnaissance nécessaire de son sujet pour une palme d'Or donnée au film de Ruben Östlund Sans filtre. On espère alors que la Pologne donnera sa leçon à la France si elle arrive à mettre en pratique ses lois et à nous d'arrêter de croire que nous sommes investis dans la cause.
EO c'est alors un beau 10.
Non pas pour la qualité entière car le parti pris de Jerzy Skolimowski fluctue et en oublie le seul cheminement d'EO, pour nous impliquer par le regard de l'humain en jouant de ses grands yeux larmoyants aptes à convoquer nos propres ressentis et notre émotion face à la tristesse et à la solitude, que l'âne ne connaît pourtant pas.
Car si on comprend la volonté du réalisateur par le trajet et les rencontres d'EO à l'aveugle, elles ne suivent pas constamment ses déambulations et renvoie encore au prisme de l'humain. On peut être dérangés par les interludes privées avec les humains, alors que l'âne n'est pas censé les voir non plus quand d'autres sont incompréhensibles. Un tueur dans un centre où on soigne les animaux, un voyage en camion et une dernière scène au milieu d'un troupeau pour un âne définitivement non pris en charge. Du cirque en passant par une ferme pédagogique, d'un village vide de ses habitants pour regarder le tumulte d'un barrage, EO s'échappe au grès des chemins, spectateur immobile face au brouhaha de la masse. En marquant par une seule scène la désinvolture d'une dresseuse qui préfère chevaucher la moto de son homme et nous rendre compte de son si léger attachement et de l'abandon qui en résulte, c'est aussi celui terrible, de ce bel et fier étalon, que l'on fait tourner autour du manège, objet de tant de grâce que l'on asservi encore.
On salue ce cinéaste qui pleure au visionnage de Au hasard Balthazar et de son échappée toute aussi belle à avoir laissé ses toiles pour revenir à l'image. Une alerte qui devra être multipliée, tant il semble que nous ne soyons pas encore prêts et tout autant aveuglés de notre supposée supériorité.
Un beau 10 pour cette exercice étonnant et surréaliste, de couleur, d'acier et de vie sauvage, où un crapaud fait une brasse énergique, une araignée tisse sa toile, des oiseaux accompagnent l'âne divaguant, pour ce calme et cette communion animale, contrebalancés par la présence délétère de l'homme. Une proposition qui conjugue parfaitement l'esthétique, la créativité et un puissant réflexif certainement plus aisé par le biais du cinéma, qui serait à mettre entre toutes les mains, toutes les classes, toutes les familles.
Pour les plus sensibles, on pourra commencer par Okja et sa dénonciation des travers de notre société, le ton humoristique en plus. Quelques scènes d'une violence suggérée d'ailleurs étonnante pour une proposition de divertissement, mais qui a le mérite d'introduire aux plus jeunes la réalité de leur futur à venir et pour les plus costauds, les documentaires PETA.