A voir absolument si vous aimez le bouquin !
Et là, normalement, en comparant la note et le titre, vous devriez penser que ce dernier est purement cynique, et que ce film est en réalité une bouse infâme.
Pourtant, même si c'est bel et bien une bouse infâme, je pense ce titre avec toute la bonne foi du monde.
Explications :
Il y a plusieurs manières de rater une adaptation : soit vous faites un film techniquement réussi, mais qui se plante sur l'essentiel (coucou La Boussole d'Or, coucou Les Orphelins Baudelaire), soit vous faites n'importe quoi (coucou Le Secret de Térabithia). Et Eragon se situe clairement dans la deuxième catégorie.
Du coup, par où commencer ? Par le fait que les deux tiers de l'histoire du livre ont disparu ? En effet, à peu près toutes les scènes ne comportant pas d'action ont été évincées. Par exemple, le passage d'Eragon et Brom à Dras-Leona a tout simplement disparu ! Le long et pénible voyage d'Eragon et Murtagh jusqu'aux Vardens ? Il est remplacé par... bah par rien en fait, il faut croire qu'ils se sont téléportés.
Jusqu'à là, rien de très surprenant, puisque la suppression de scènes est un écueil récurrent des adaptations de livres. Mais ce qui l'est plus, c'est l'incroyable non-respect d'aspects importants de celui-ci. Vous aimiez la dragonne Saphira pour son charisme, son caractère bien trempé et l'évolution de sa relation avec Eragon ? Tant pis pour vous, puisqu'elle ne sert pas à grand chose ici. Et quitte à hérisser encore plus les fans, sachez qu'elle devient adulte en 5 secondes chrono. Eh ouais.
Maintenant, parlons des nains. Oui, vous savez, ceux qui vivent dans la montagne, là où sont terrés les Vardens. Mais si, le cratère, à la fin du film ! Comment, vous n'en avez pas vu ? Normal, puisqu'ils ont été tout simplement oubliés. Oui oui, le réalisateur a OUBLIÉ les nains dans l'adaptation d'un livre d'heroic-fantasy...
Je pourrai continuer pendant des heures, à vous parler des elfes aux oreilles rondes (??), de la cité fortifiée de Teirm qui est devenue un hameau sur un marécage, de Galbatorix qui apparaît dans les 5 premières minutes du film (rappelons qu'il n'apparait normalement en personne qu'à la fin du quatrième bouquin...)...
Et si l'on n'a pas lu le livre, me direz-vous ? Et bien, imaginez que j'ai eu du mal à suivre le scénario du film en l'ayant lu. Je vous laisse deviner le résultat dans le cas contraire.
Enfin, pour énumérer rapidement le reste des problèmes : les acteurs jouent globalement mal, il n'y a pas de nains, la bande-son est oubliable au possible, il n'y a pas de nains, John Malkovich ne sait lui-même pas ce qu'il fout là, il n'y a pas de nains, Arya est devenue une cruche, et Eragon lui-même est insupportable.
Ah, et il n'y a pas de nains, aussi.
Mais pour revenir au titre, pourquoi faudrait-il absolument voir ce film, dans ce cas ? Car pour un fan du roman, le regarder revient à jouer au jeu des 7 différences (ou plutôt des 950, dans le cas présent). Ainsi, on en vient à prendre du plaisir à constater la quantité pharaonique d'incohérences, d'oublis, voir de modifications de l'univers.
De ce fait, tel un bon nanar, ce Eragon se savoure surtout en fin de soirée, avec des potes et de la bière. Donc oui, je ne peux que le conseiller !