Clapton is a ... cunt
Bien que la critique soit un exercice compliqué, requérant justesse et précision de la part de son auteur, il est des œuvres qui nous facilitent énormément la tâche lorsqu'il s'agit de les descendre...
le 6 févr. 2019
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Bien que la critique soit un exercice compliqué, requérant justesse et précision de la part de son auteur, il est des œuvres qui nous facilitent énormément la tâche lorsqu'il s'agit de les descendre.
"Life in 12 bars" fait hélas partie de ces œuvres qui se tirent non pas une balle, mais un chargeur complet dans le pied. En effet, bien que l'on sente que le but du documentaire était de faire canoniser Clapton de son vivant, le résultat produit est l'exact opposé. Il est certes intéressant de vouloir montrer au public les côtés sombres et les passages à vide de leur "guitar hero" favori, mais le film appuie avec tant d'insistance sur les erreurs de parcours de Clapton que le guitariste nous devient complètement antipathique.
J'avais, et j'ai toujours beaucoup d'estime pour le musicien, le guitariste, le parolier qu'est Eric Clapton, mais l'Homme montré à travers ce film est absolument détestable. A tel point que je ne serais pas étonné d'apprendre que le film a été produit par le fantôme de George Harrison revenu d'entre les morts pour se venger de Clapton (qui lui a piqué sa femme alors même qu'ils étaient meilleurs amis).
Enfin, quand bien même on ferait exception du fond du documentaire faisant part de ses multiples adultères, de ses dérapages racistes liés à son alcoolisme, ainsi que son addiction pour toutes sortes de drogues ; la forme est tout autant déplorable. La voix de certains narrateurs (et même parfois celle de Clapton) sont moins audibles que les enregistrements volés de Benalla, alors même que certains sont des témoignages récents enregistrés pour le documentaire. A cela s'ajoutent des passages vidéos en format 240p que même un Youtubeur des années 2005 n'aurait pas osé uploader sur internet (alors imaginez-vous l'effet que ça fait sur un écran de cinéma...). Sans parler de la narration chronologique qui se voit entrecoupée de retours en arrière inexpliqués, cassant toute la progression établie auparavant (ce qui est particulièrement énervant quand un de ces "flashbacks" s'attarde pendant 10 minutes sur la coupe de cheveux du jeune Eric...).
En somme, on a l'impression que le documentaire est l'oeuvre d'un fan doué en montage qui, voulant attirer l'attention de son idole, s'est résolu à lui dédier un documentaire .
Toutefois, on pourrait également voir ce récit de rédemption d'un homme brisé par la vie (dont le happy end ferait pâlir Walt Disney lui-même) comme un documentaire promotionnel pour un centre de désintoxication, afin de montrer aux patients que le cheminement vers la sobriété est parfois long et difficile.
Si tel est le cas, j'espère comme Clapton que son exemple en inspirera d'autres à se sortir de cette mauvaise passe. Car même si le film dresse un très mauvais portrait d'Eric, on ne peut pas s'empêcher d'avoir un minimum d'empathie pour lui lorsque l'on apprend qu'il a perdu son fils de 4 ans ; et on comprends à quel point l'aide qu'il a reçu a été importante pour qu'il se reconstruise par la suite.
Par ailleurs, pour ne pas apparaître de mauvaise foi, il faut également admettre que le réalisateur, malgré ce que j'ai pu lui reprocher plus haut, a su retrouver d'intéressantes images d'archives ou l'on aime chercher à reconnaître des visages familiers (Pete Townshend, Keith Moon, Keith Richards, Bob Dylan...). Et puis surtout, il a ponctué le documentaire de titres de légendes qui feraient rougir toutes les BO réunies de la filmographie de Tarantino.
Finalement, le meilleur conseil que je pourrais vous donner, si vous aimez Clapton et que vous avez de l'argent et du temps à dépenser ; ce serait d'aller chez votre disquaire du coin et acheter un vinyle de Cream plutôt que d'aller au cinéma voir ce documentaire qui fait passer "slowhand" pour un sombre connard bien plus que pour le dieu de la guitare qu'il est réellement.
Créée
le 6 févr. 2019
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