Magique, féerique, poétique.
Merveille pour les yeux, enchantement pour les oreilles : cela fait longtemps qu'un film d'animation ne m'avait pas autant dépaysé. Derrière cette histoire d'amitié joliment naïve entre une souris et un ours qui ravira tous les petits, se cache en deuxième lecture un message plus politique qui titillera l'intellect des plus grands. Entre deux coups de crayons ou deux coups de pinceau, les réalisateurs nous font passer par toutes les émotions avec une aisance remarquable.
Si l'enfant n'aura aucun mal à dissocier ce qui tient du Bien de ce qui tient du Mal, l'adulte prendra un malin plaisir à décrypter l'arrière-pensée du long métrage, bâtie autour d'une critique sociale qui brasse des thèmes engagés comme la peur de l'autre, l'indifférence ou encore le rôle et la place de la Justice et de la Police. Et cela Messieurs Dames, sans aucun maniérisme ou prise de position forcée.
Le tout étant magnifiquement emballé, notamment grâce à une technique picturale jamais vue auparavant, qui mise sur l'aquarelle et sur des lignes très épurées, tout en restant parfaitement lisibles.
De l'hiver au printemps, le spectateur voyage les yeux écarquillés en compagnie de nos deux héros faisant face à leurs responsabilités, pour en arriver à l'une des conclusions qui dit qu'un bien mal acquis ne profite jamais... De par sa technique et ses messages véhiculés, Ernest et Célestine est sans aucun doute un digne héritier du plus grand chef-d'oeuvre de l'animation : Le Roi et l'Oiseau.