Eroica est constitué de deux fragments distincts. Dans le premier, nous suivons les déambulations tragi-comiques d'un citoyen lambda mêlé malgré lui à la résistance polonaise pendant la seconde guerre mondiale. Dès le générique, le ton est donné : on parlera d'héroïsme, mais la musique, très bonne par ailleurs, ironise déjà. Effectivement, le personnage principal est lâche, volontiers alcoolique, mais férocement lucide. Dès la scène d'ouverture, il va montrer qu'il voit la réalité que les autres ne voient pas. Les soldats et résistants polonais y sont d'emblée montrés comme jouant à la guerre plus que la faisant. Les gags vont s'enchaîner, mais sur un ton amer, réhaussés par l'absence générale de musique. C'est un film burlesque, mais tragique. Cela ressemble beaucoup, des années plus tôt, à ce que fera Elia Souleiman dans des films comme It must be heaven.
La deuxième partie change de ton. Des officiers sont prisonniers dans un camp. La légende veut que l'un des leurs, Zawistowski, se soit évadé malgré l'impossibilité de la chose. Plus vraiment d'humour ici, mais un découragement général.
L'ensemble est monté comme une symphonie, ou disons, un début de symphonie : premier mouvement brillant d'ouverture, scherzo alla polaka, et mouvement lent répétitif, Ostinato lugubre.
Eroica est un film très (trop?) en avance sur son temps, surprenant, mais d'une étrange beauté.