Le principal mérite d'"Escalier C" consiste à explorer un univers rarement montré au cinéma, celui de l'art contemporain : artistes, critiques, galeristes, public relations...
Par ailleurs, le titre renvoie à un immeuble parisien dans lequel évolue un petit groupe de voisins, tous plus ou moins marginaux et mal dans leur peau, à commencer par le héros prénommé Forster, critique d'art cynique et désabusé, au point de se montrer odieux avec les gens qu'il croise.


Un choix audacieux de la part du réalisateur Jean-Charles Tacchella, qui connut un grand succès quelques années plus tôt avec "Cousin, cousine" (nominé 3 fois aux Oscars et objet d'un remake US signé Joel Schumacher).
Problème : cette chronique de mœurs apparaît rapidement comme un ramassis de prétention et de maladresse.
Très théâtral dans son approche, avec de nombreuses scènes tournées dans le huis-clos de l'immeuble, ce type de film repose énormément sur ses dialogues. Or ceux-ci tombent régulièrement à plat, parfois pompeux, parfois balourds, quand ils ne sont pas sabotés par des comédiens mal dirigés ou à côté de la plaque.


A cet égard, Robin Renucci fait ce qu'il peut pour incarner ce héros antipathique, sans forcément démériter, mais son jeu et ses répliques sonnent parfois faux.
Jacques Bonnaffé signe une prestation inégale en bon copain homosexuel, tandis que Catherine Leprince, finalement peu présente à l'écran, ne convainc pas vraiment en attachée de presse ambitieuse.
En revanche, Jean-Pierre Bacri se montre comme souvent irréprochable, dans le rôle du meilleur ami blasé, mais refusant de sombrer dans le nihilisme de Forster.
Quant à Catherine Frot, Jacques Weber ou Claude Rich (très juste en père distant et pudique), ces bons comédiens s'en sortent avec les honneurs, mais dans des rôles assez secondaires.


Très ancré dans les années 80, "Escalier C" reflète bien cette période, et l'état d'esprit qui animait alors une certaine élite. Décennie de l'argent-roi, de l'individualisme et du cynisme, cette époque marquait la mort des idéologies et la fin des illusions nées des mouvements libertaires.
Des valeurs qu'on retrouve dans le film de Tacchella, de même que le mal-être engendré sur les individus, mais l'ensemble apparaît hélas trop maladroit pour convaincre, à l'image de la conversion finale du héros, aussi improbable que convenue.

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le 9 août 2021

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Val_Cancun

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