Et si, au lieu d'opter pour une narration chorale, Gilles Bourdos avait fait confiance à son intrigue principale, Espèces menacées n'en aurait-il pas été meilleur ? Il y a certes des intersections entre les différents personnages mais elles fonctionnent comme des procédés scénaristiques et diluent quelque peu l'intérêt. Et les thèmes s'entrechoquent : violence conjugale, solitude, relations familiales, démence, différence d'âge, etc. Le film finit tout de même par se recentrer sur son sujet principal (le premier cité) mais cela signifie alors laisser en plan les autres histoires inabouties. Ce problème de construction n'empêche pas cependant de trouver le film le plus souvent pertinent, tant du point de vue de la mise en scène (Gilles Bourdos aurait même pu oser plus) que de la progression de son intrigue centrale traitée sans pathos mais avec un avec un vrai caractère d'émotion et non sans finesse. Il y a aussi de beaux moments de tendresse et un humour saupoudré avec subtilité : du point de vue de la tonalité, c'est presque un sans faute. Mais le grand point fort, c'est l'interprétation tant chacun des acteurs apporte une grande variété et justesse dans des rôles pourtant difficiles. C'est le cas du couple vedette : Alice Isaaz et Vincent Rottiers mais tous leurs camarades mériteraient d'être nommés : Eric Elmosnino, Grégory Gadebois, Damien Chazelle, Suzanne Clément, Alice de Lencquesaing, Brigitte Catillon ...