Ça peut être beau, une famille. Comme une bulle de sûreté. Un lieu où l’on se sent à l’abri du monde. Avec des gens autour, parce qu’une famille, c’est aussi ne pas être seul. Pas besoin de maquillage, de talons hauts ou de cravate, le vieux jogging délavé et les pantoufles trouées conviennent à tout le monde. On se lève le matin et, quelque soit l’heure, on est accueilli par des sourires et une tasse de café bien chaud. On se parle, on s’embrasse, on rit, on mange, on boit, on fume, si c’est toléré.
La perfection n’existe pas, mais pour préserver l’illusion qu’elle existe, on est obligé de se mentir. Au moins de ne pas dire certaines choses. Celles qui pourraient blesser, ou rendre malheureux. Et on se montre difficile avec un nouveau venu. Quelqu’un de l’extérieur. Qui représente un risque potentiel, un trouble, et c’est bien compréhensible. Comment plusieurs personnes, unies par le sang, existant dans un monde qui n’appartient qu’à elles et doté de lois qui s’évanouissent une fois la maison quittée, peuvent-elles réagir face à un étranger guidé par sa propre histoire ? Elles prennent peur, paniquent, disent des choses qu’elles ne pensent pas. Même les gens normaux peuvent être humains.