Voilà un film qui nous engage presque physiquement. Jugez plutôt : un taliban, qui a tué trois américains sur le sol afghan, est capturé et emmené dans un pays enneigé qu'on ne nommera pas. Son camion où il est emmené fait une chute dans le ravin et permet à cet homme de fuir dans un climat rigoureux, à la seule quête de sa survie, alors que les soldats sont à ses trousses.

A noter que si je dis que l'homme traqué est un Afghan ou un taliban, ça n'a aucune importance dans le récit, qui plus celui d'une traque sauvage, celle d'un homme devant lutter contre les éléments climatiques, contre les animaux, et surtout contre la folie des hommes qui se liguent contre lui. D'ailleurs, excepté le début du film, et les communications entre militaires, c'est un film très peu bavard ; d'ailleurs, l'homme (qui n'est jamais nommé, sauf dans le générique de fin où l'on découvre son nom) ne parle jamais, lâchant parfois des cris de souffrance.

Car il faut dire qu Vincent Gallo ne s'est pas ménagé pour ce film, car qu'il y est fait est incroyable ; on le voit marcher dans cette neige glaciale, tomber dans un lac gelé, manger des fourmis, manger des écorces. Il semble réellement souffrir et on vit avec lui cette douleur qui le parcourt peu à peu. Sur le tournage, j'ai lu que l'acteur jouait dans une forêt où il faisait pas loin de -30° ! C'est ce qui donne de la crédibilité à ce rôle et pour le coup, Gallo n'a pas volé son prix d'interprétation à Venise.
Après, on pourra ergoter sur le manque de caractérisation du personnage, car on ne saura absolument rien de lui, à part que c'est un homme traqué, en fuite. L'enjeu principal est de savoir si il va se faire capturer par les soldats ou si les conditions climatiques vont avoir raison de lui.

Sur son chemin, il va croiser deux autres personnes ; deux femmes. L'une, dont je ne dirais pas ce qu'elle fait, et l'autre qui est jouée par Emmanuelle Seignier qui, manque de pot, est muette ! Donc, n'espérez pas des torrents de dialogues, car à ce moment-là, l'issue du film est proche.

Malgré quelques lourdeurs et autres symbolismes (le cheval blanc, la musique), j'ai été captivé par ce film, qui est relativement bref en plus, car c'est un film dont on ressort avec le froid, avec la faim, et la soif. Mais surtout, on assiste à un performance d'acteur, et ça, c'est assez rare pour le signaler !
Boubakar
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le 22 sept. 2014

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