Comme le film sort bientôt en France, je me sens le devoir d'en faire la critique pour inciter le plus de gens à aller le voir. D'une part parce que c'est un film indépendant canadien, et qu'en tant que Canadien, il faut bien que j'encourage mon cinéma national, même s'il est ontarien. D'autre part parce que c'est un film très rafraîchissant dans le répertoire extrêmement codifié du cinéma sentimental.
The F-Word (parce que le titre français est beaucoup trop long) est un petit film très sympathique. Rien de transcendant, c'est loin d'être un chef-d'oeuvre de par sa nature-même de comédie romantique, mais il fait partie de cette race de films indépendants à laquelle appartient aussi 500 Days of Summer, avec ce petit côté ironique, ce regard lucide sur le genre auquel il appartient, cherchant tantôt à déconstruire les codes de la romcom, tantôt à les respecter.
Le film se présente donc comme une espèce de réflexion sur l'amitié homme-femme, réflexion à peu près vide de substance puisqu'on sait dès le départ que les deux "amis" vont finir ensemble. De base, ils sont amis parce que la fille est déjà en couple, joli prétexte pour un triangle amoureux caricatural où le copain se trouve être évidemment un gros beauf.
Bref ça semble très classique à première vue, carrément cliché, rien de bien novateur. Et pourtant, tout est dans la façon dont c'est raconté. Le film opte pour un ton complètement décalé, jouant avec les événements absurdes, les répliques qui ne se prennent pas au sérieux, un humour à la fois noir et quelque peu adolescent, avec multiples blagues scatophiles s'il-vous-plaît. C'est tout con, mais ça rend l'histoire bien banale beaucoup plus crédible, les protagonistes évitant tout sujet à peu près sérieux pour se concentrer sur des sujets de discussion de la vie de tous les jours. Et comme dans la vraie vie, le romantisme du film se trouve parfois dans les trucs les plus débiles, les moins fleur bleue. Et tant mieux ! Ça rend le film vivant, tonifiant, et à défaut d'être passionnant, au moins amusant.
The F-Word porte aussi un regard ironique sur les codes de la comédie romantique, les prend à revers et est parfois foutrement surprenant dans ses choix. La fin en est un bel exemple (léger spoil qui n'est pas très important) : comme dans de trop nombreuses romcom, la fille part retrouver son copain en Irlande, qui y était parti pour son travail. De son côté, le personnage principal, joué par Daniel Radcliffe, décide d'aller la voir là-bas pour lui déclarer sa flamme qu'il lui cache depuis le tout début. Donc il prend l'avion, arrive en Irlande, et apprend que la fille vient tout juste de repartir au Canada le rejoindre lui. Boum, déconstruction du cliché, contrepoids surprenant, hilarité générale.
Bref, un film très rafraîchissant que je vous invite à découvrir, ne serait-ce que par curiosité.