Dès son enfance, le réalisateur André Bonzel a collectionné les bobines de films amateurs, en plus de ceux filmés par sa famille. Trente ans après C'est arrivé près de chez vous, il tourne à nouveau un film, le plus personnel qu'on puisse imaginer, sa vie. Avec l'aide de ces fameuses bobines, il va reconstituer ce qu'il a vécu, les soucis avec son père, les amours, les amis, mais aussi parler de ses ancêtres.
Le documentaire est en soi très touchant, car il pourrait bien parler au public de manière universelle. Le tout avec des archives qui ne sont pas créditées pour la plupart, la suggestion laissant place aux images, et notamment quelques scènes avec des femmes dénudées ou un film érotique, Les arroseuses arrosées. Mais c'est aussi une forme de catharsis pour André Bonzel qui s'interroge beaucoup sur lui-même, ou alors sur ses parents. Ce père qu'il déteste, cette mère absente, il va tromper sa solitude dans la découverte des filles, mais aussi dans celle du cinéma, où il va faire deux rencontres capitales ; Rémy Belvaux et Benoit Poelvoorde. Avec un extrait amusant d'une fausse bande-annonce, Daniel Daniel.
Le voyage est en soi vertigineux, avec une très bonne musique de Benjamin Biolay, qui est une sorte de machine à remonter le temps, avec des images le plus souvent en mauvais état, mais c'est une clé dans les souvenirs que nous livre André Bonzel, et souvent de manière émouvante, notamment quand il montre une archive datée de 1923 d'un homme qui doit avoir 80 ans ; peut-être qu'on lui a parlé de la prise de la Bastille qu'une personne de sa famille aurait participé. Au fond, le cinéma, et plus largement les images, sont ce qui restera, et ça, Bonzel l'a bien compris. Avec ce dernier plan d'une jeune femme qu'on pourrait imaginer être son épouse...