Sur fond de guerre de religions, Nadine Labaki nous décrit le quotidien d'un petit village du Liban. Pendant que les hommes s'entredéchirent dans un conflit inutile, et dans une perpétuelle escalade de violence, les femmes des deux camps s'allient et redoublent d'inventivité pour les écarter de leurs sombres desseins.
Et au milieu de tout cela, la genèse d'une possible histoire d'un amour impossible.
GIRL POWER
Une petite claque. La douce Nadine se joue de nous, et nous emmène du simple "musical" au drame, en faisant un détour par la comédie d'une manière si habile, que l'on ne peut que saluer la performance. Elle campe elle-même une femme forte, qui mettra tout en oeuvre avec l'aide de ses complices pour que la paix revienne, coûte que coûte. Quitte à faire passer les hommes pour des bons à rien, enfin, bons à se taper dessus quoi. Mais cette vision est-elle si éloignée de la réalité, finalement ?
NO WOMAN NO CRY
Ce qui frappe à mesure que l'on avance dans le récit, c'est la justesse du jeu des acteurs, et la sincérité de l'ensemble. D'ailleurs ils ne jouent pas, ils sont là, devant la caméra, à vivre leur quotidien.
Labaki nous narre une histoire à la fois simple et complexe. Le fond du problème est colossal, glissant, et il serait aisé de tomber dans une forme de partialité, ou pire, de prosélytisme. Mais c'est sans compter sur le talent de la belle réalisatrice, qui rebondit avec une aisance déconcertante, d'une scène très drôle, à une scène, voire tout un pan d'histoire, tragique, sans jamais donner raison à un camp ou l'autre.
BOYS DON'T CRY
Ben tiens, j'aimerais bien t'y voir, Mister Smith ! Car c'est ainsi que, chose plutôt rare, je me suis retrouvé pendant un long moment avec les larmes aux yeux. Larmes dont je n'arrivais pas à me défaire, tant cette violence aveugle, cet entêtement que l'on nous montre paraissent à la fois stupides et pourtant si familiers.
Et puis après de nombreuses trouvailles comiques ou touchantes, Nadine conclut son oeuvre de la plus belle des manières. Mais je vous laisse le soin de découvrir ce dénouement, si ce n'est déjà fait.
Artlaim, merci, je ne saurai jamais comment tu as pu viser si juste en me conseillant ce film. Une oeuvre pourtant si éloignée de ce vers quoi mes prédispositions de cinéphile primaire (primate ?) me mènent habituellement.