L'enfer est pavé de bonnes intentions
Le pitch: un petit village christiano-musulman, isolé du monde, se remet péniblement de conflits meurtriers entre membres des deux cultes. Les femmes, qui ont perdu des fils et des maris dans l'histoire, sont prêtes à tout pour que plus jamais cela ne se reproduise. L'arrivée de la télévision dans le village (hilarante première scène), met les habitants au contact des conflits confessionnels qui font rage dans le pays. Ni une ni deux, les femmes décident de s'en débarrasser. Ce petit vandalisme conduira, bien malgré elles, à relancer la machine des provocations, et l'irrésistible escalade de violence entre les deux communautés... qu'elles feront tout pour endiguer.
Atypique, libre de ton, souvent drole, le film s'autorise parfois des incartades dramatiques assez étranges qui, je dois l'avouer, ne m'ont pas trop ému. Pourtant on aurait tort de sous-estimer la dure réalité qui sous-tend le film: il est bien question d'actualité et de l'absurdité de ses raisons, auxquelles les solutions des femmes, de prime abord absurdes, s'avèrent tout à fait efficaces! Sans vous spoiler (car c'est dans la bande annonce) vous y verrez un cabaret d'ukrainienne débarquer au village, une orgie d'haschich et de médocs, et de fausses transes. Donc oui, c'est drôle, et oui, c'est sérieux.
Le verni comique "féminin" du film, comme dans Caramel, précédent film de Nadine Labaki, permet d'aller farfouiller dans les travers naturels de l'homme, qui cycliquement, par ennui peut-être, se remet sur la gueule avec son voisin. Toute l'ingéniosité alors est de faire exploser l'absurdité des prétextes (la religion ici), et pousser malgré eux les ennemis à l'unité. Pas nouveau certes, mais le traitement est bougrement efficace et plaisant: que la maladresse bienveillante soit le point de départ au conflit vous donne un apercu de l'ironie de l'histoire.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Ciné 2011