Et pour quelques dollars de plus est sans doute le film le plus important de la carrière de Sergio Leone. Malheureusement moins connu que son prédécesseur et que ses deux successeurs, il faut réhabiliter à la fois son importance, et son excellence.
Imaginez. Vous êtes Sergio Leone (oui). Vous venez de faire un deuxième long-métrage, un premier western, à grand succès. Problème : vous avez TOUT pompé. L'histoire, le rythme, les plans, tout vient de Kurosawa (Yojimbo). Même la réinvention du western, avec plus de violence, de crasse et d'inhumanité, tout vient du cinéma japonais. Mais vous voulez faire un deuxième film. Cette fois, il n'est plus possible de copier, il vous faut voler de vos propres ailes. Est-ce que vous vous rendez compte de la pression ? Elle a pourtant donné lieu à un véritable chef d'œuvre.
Le deuxième western de Sergio Leone est réussi de A à Z. L'histoire est palpitante et rythmée, davantage que Pour une poignée de dollars. Elle est condensée à la fois dans le temps et l'espace, avec une intrigue simple à saisir, beaucoup plus que dans Le Bon, la Brute et le Truand. La musique est exceptionnelle, elle est à mon goût la plus réussie d'Ennio Morricone. Et quels acteurs ! Clint Eastwood, Lee Van Cleef, et surtout Gian Maria Volonté, absolument saisissant durant tout le film. Il y a même Klaus Kinski ! Si le film est devenu le western méga classique qu'on ne regarde même plus quand il passe sur France 3, il reste une pierre angulaire de l'histoire du cinéma.
Je me souviendrai toute ma vie de la scène finale, la scène de combat pourtant ultra-classique et sans surprise, qui, magnifiée par la musique de la montre et les gros plans à la Sergio Leone, est une leçon de suspense et d'extase dramatiques. Seul (gros) point noir du film : il n'y a aucune femme, c'est un film d'hommes entre hommes, et c'est ce qui fait la différence avec Il était une fois dans l'Ouest.