...Et pour quelques likes de plus j'avais promis cette critique...
C'est pourtant pas un temps à promesses : il fait beau depuis quelques jours sur la Côte d'Amour, mais alors très très beau. Peut-être aussi beau mais pas aussi chaud que dans un western de l'immense Sergio Leone - quoique pour une fois, la pluie glissera aussi le long du chapeau du non moins immense Clint Eastwood, histoire qu'il allume avec toujours plus de classe sa cigarette. Pas de vacances SensCritiquiennes pour moi donc, vu ma vénération pour ce deuxième volet de la trilogie du dollar. "The best western ever" à mes yeux soudain devenus revolvers. Les gros calibres pour l'ancien colonel aux motivations peu certaines (Lee Van Cleef) adepte du tir longue distance ; les plus petits pour le Manchot arracheur d'affiches à ganaches mises à prix (Clint Eastwood donc) exclusivement motivé par le pognon que rapporterait l'Indien et sa bande bien malsaine.
Ah, L'Indien... Non mais serios los amigos, L'Indien c'est "el hombre", le mec qui fait toute la différence ! L'Indien c'est le grand méchant loup charismatique, aussi fou de la pupille que cruel de la famille, aussi maître de la parabole que perdu dans son passé. Gian Maria Volonté dans le rôle de sa vie arriverait presque à éclipser ses deux prédateurs - même si c'est impossible - tellement il habite son personnage, et tellement la petite musique du médaillon qui l'accompagne, lancinante et entêtante, donne une émotion particulière au récit que même le fameux harmonica de-qui-vous-savez peut aller se rétuiter (retourner à son étui quoi). Et ça c'est du Ennio Morricone dans toute sa splendeur : l'émotion, la grandiloquence, l'épique ; la grande musique quoi. Bon, y a aussi Klaus Kinski et sa bosse. Bosse qui n'est finalement que peu de choses en comparaison de sa tronche, mais qui déclenchera malgré elle deux très bons duels...
Faut dire que ce qui me plaît dans cette suite que je préfère largement à son prédécesseur, c'est qu'un paquet de situations et de dialogues, décalés, tapent à chaque fois dans le mille. Un peu comme cette scène d'anthologie où les chapeaux servent de séance de ball-trap après que les deux futurs associés se sont marchés sur les pieds. On en redemande tellement c'est jouissif. En fait, tout le film allie à la perfection dramaturgie et humour. Les scènes cocasses s'enfilent comme des perles avec une telle maestria et un tel rythme qu'on se demanderait presque si un bon pitch sert vraiment à quelque chose finalement, vu que c'est ce qu'on en fait qui compte.
Autour d'El Paso en tout cas, on s'impose, on tacle l'exécutif, on se renseigne, on se toise, on s'associe, on planifie, on s'infiltre, on se sépare, on déduit, on se retrouve, on fait sauter la banque et les cervelles. Le plus malin n'est pas toujours celui que l'on croit. De toute façon, ils sont plus qu'on le croit... Un jeu d'alliances, de manipulations, d'anticipations, de traîtrises et de non-dits tout simplement jubilatoire, amenant pas mal de rebondissements savamment orchestrés.
Un petit mot également sur les décors et les paysages, toujours aussi splendides : le village à l'est d'El Paso, avec ses petites baraques blanchâtres et son oranger, c'est juste magnifique.
Et ce duel final, légèrement complexifié par la présence d'un troisième homme, mamamia ! Il fait juste partie des plus grandioses que je connaisse. C'est beau, puissant, net et sans bavure. Tout y est. Et même le léger strabisme de Lee Van Cleef dont on finira par connaître la motivation typiquement "westernienne".
La partition fut parfaite, la jolie musique peut s'arrêter, mais l'aventure doit continuer...