Un Sisyphe à l'hôpital
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A l’hôpital Beaujon, à Clichy (dans les Hauts-de-Seine), il n’y a qu’un seul psychiatre (pour plus de 460 lits, on ne sera donc pas surpris d’apprendre qu’un patient aura attendu plus de 5h avant d’être consulté). Ce dernier s’efforce de mettre tout en oeuvre pour répondre aux demandes et surtout, donner à ses patients l’humanité qu’on leur refuse. Mais l’exercice est périlleux, seul contre tous, dans une institution malade qu’est l’AP-HP, face au manque de moyen, tant humain que financier…
Filmer l’hôpital public de l’intérieur avec ses hauts et ses bas, est un exercice de plus en plus courant, le dernier en date, c’était Madame Hofmann (2024), sorti un mois plus tôt. Et ces dernières années, on avait déjà eu droit à Premières Urgences (2022) au sein de l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis et Burning Out (Dans le ventre de l'hôpital) (2017) à l’Hôpital Saint-Louis à Paris.
Nicolas Peduzzi (Ghost Song - 2021) à posé sa caméra au sein d’une vieille institution vétuste, celui de l’hôpital Beaujon, ouvert en 1935 et qui ne passe pas inaperçu parmi les grands ensembles hospitaliers d'île-de-France. En effet, ce dernier ressemble davantage à un centre pénitencier qu’à un hôpital. Un monobloc vertical surnommé “d’hôpital gratte-ciel”, haut de 13 étages. Cette immersion de l’intérieur lève le voile sur le travail harassant du Dr. Jamal Abdel Kader (et de ses internes), le seul et unique psychiatre qui doit jongler d’un étage à un autre pour mener à bien sa mission.
Le film montre aussi le milieu hospitalier sans fard ni fioriture, dans toute sa complexité et son désoeuvrement. Le manque de moyen est criant, la fatigue et la désillusion se lisent sur les visages. L’hôpital public est en train de tuer à petit feu le personnel hospitalier, entre ceux qui frôlent le burn-out et ceux qui changent de bord en rejoignant le privé.
Le réalisateur nous livre un magnifique portrait, celui d’un psychiatre qui se dévoue corps et âme pour ses patients en grande souffrance (la plupart sont des rescapés de tentatives de suicide), quitte à se mettre en danger et vient nous rappeler (une fois de plus) à quel point nos institutions sont fragilisées, surtout les soins psychiatriques, le parent pauvre du milieu médical. Signalons aussi la remarquable B.O électro composée par Gael Rakotondrabe.
● http://bit.ly/CinephileNostalGeek ● http://twitter.com/B_Renger ●
Créée
le 13 juil. 2024
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