Plonger dans ce film d’Ozu, c’est plonger dans le calme, la paix. Cela tient au rythme lent qui déroule tranquillement le quotidien, aux plans fixes composés avec soin. L’œil se repose, notre rythme intérieur se cale sur ce tempo et on contemple paisiblement ces scènes du quotidien tandis qu’on écoute ces dialogues le plus souvent anodins, du moins apparemment. C’est la vie que filme Ozu, la vie d’une famille bourgeoise nipponne dans laquelle cohabitent trois générations.
Le personnage qui intéresse ici Ozu, c’est Noriko, interprétée par la radieuse Setsuko Hara, actrice fétiche du réalisateur. C’est une jeune femme de 28 ans, radieuse, pleine de vitalité qui n’est toujours pas mariée au grand désespoir de son entourage. Une véritable conspiration s’organise autour d’elle depuis sa famille jusqu’à son patron, chacun n’a qu’une idée : la marier ! Mais elle, elle est pareille à une anguille, elle résiste l’air de rien, elle s’échappe, elle suit son propre chemin.
A travers cette histoire sans éclat mais pleine de densité humaine, c’est une femme libre, dans un milieu clos, qu’Ozu dépeint. Et tandis que le film nous quitte sur un plan de blés mûrs on se plaît à espérer que la jeune femme est parvenue à sa maturité et poursuivra son chemin de liberté dans sa nouvelle vie.