Joel et Clementine (Jim Carrey et Kate Winslet) forment un couple à l’apparence heureuse, et rien ne semble pouvoir les séparer. Mais voilà qu’un jour, Joel découvre qu’il est subitement devenu un parfait inconnu pour Clementine, et que celle-ci a refait sa vie avec un autre homme. Cherchant à comprendre, Joel apprend que Clementine, qui ne vivait pas heureuse, s’est fait effacer tout souvenir relatif à lui, grâce à une société spécialisée dans l’effacement de mémoire, Lacuna. Joel décide alors de se venger en oubliant à son tour tout souvenir de Clementine. Mais au milieu du processus, il se rend compte qu’en réalité, il est toujours amoureux de Clementine. Une course contre la montre s’engage pour enrayer l’oubli total qui le menace…
Il y a des films qu’on serait bien en peine de définir précisément. Indéniablement, Eternal Sunshine of the spotless mind fait partie de ces objets cinématographiques non identifiés. A la fois comédie, drame, film romantique et film de science-fiction, le film de Michel Gondry brouille les frontières entre les genres pour nous offrir une œuvre étrange et poétique. Si l’on retrouve dans ce scénario malin, lointainement inspiré de Boris Vian, à la fois la rigueur et les astuces scénaristiques d’un Christopher Nolan, le film de Gondry est à l’opposé du blockbuster, privilégiant un récit intimiste et onirique.
Porté par un duo d’acteurs au sommet (c’est d’ailleurs un plaisir de voir Jim Carrey sortir de ses pitreries habituelles pour nous révéler son vrai talent d’acteur), Eternal Sunshine of the spotless mind ne tient de la science-fiction que comme un prétexte à un récit métaphorique plein de beauté. Car en effet, à travers cette fuite au sein du cerveau humain pour tenter de préserver un souvenir et au-delà une histoire d’amour, Gondry dresse le portrait de deux cœurs purs qui tentent de s’aimer envers et contre tout dans une société moralement dépravée, qui cherche à effacer cette relation d’amour sincère. De fait, la mise en parallèle de l’amour vrai qui unit Joel et Clementine avec les relations désordonnées et instables de tout leur entourage permet de saisir toute la portée d’un film qu’il serait criminel de réduire au simple délire onirique qu’il est à première vue.
Malgré tout, le film de Gondry est trop loin d'être parfait, souffrant de quelques longueurs et de quelques scènes s'approchant dangereusement de l'abscons, pour accéder au statut de chef-d'oeuvre (à mes yeux, s'entend). Il n’en est pas moins une jolie pépite, drôle, belle, émouvante et profonde.