Eternal Sunshine of the Spotless Mind par AKTW

Il reléve de la plus grande banalité de déclarer que certains films vous prennent aux tripes. Qu'ils y restent accrochés longtemps, même. Qu'ils s'emparent de vos ressentis, et s'insèrent dans votre tête sans que vous ne sachiez plus si ledit film a pensé à la même chose que vous, ou si c'est vous qui avez pensé à quelque chose que vous y aviez vu. "Eternal sunshine of the spotless mind" fait partie de ceux là, et il n'a rien de banal.
Curieusement, à la manière dont l'équipe technique pénètre le cerveau de Joel, le film fait écho à nos propres peurs. Peur de l'abandon, de l'oubli, de la souffrance amoureuse. Chacun y trouvera son compte. Et bien plus encore. Une histoire impregnée d'intensité. Elle sonne vrai. Par delà les détails purement techniques qui relèvent globalement de la science fiction, elle semble réelle. Pas seulement par un fabuleux jeu d'acteurs, mais aussi par la spontanéité, les saynètes terriblement touchantes, les couleurs également. Tout est très sombre, même la plage est glaciale, sans soleil, comme si l'on était plongés dans de vieux souvenirs vidéos qui auraient été mal conservés.. On se perd un peu parfois, dans les tréfonds de l'esprit de Joel, entre rêve, réalité, souhaits clairement formulés, et angoisse. La poésie partout, dans leurs mots, dans leurs gestes, même ceux qu'ils regrettent, la poésie dans les amas de fils et de branchements complexes que l'on est amenés à voir plusieurs fois.. Le monde qui continue de tourner, autour de celui qui se fait opérer de ses plus beaux souvenirs. La vérité est partout. Dans les larmes, les cris.. Et cette question que l'on finit forcément par se poser : et si c'était possible?