Finalement, je crois que je ne vais pas m'embarrasser à faire une critique construite pour un film aussi décousu, d'autant que je suis encore sous le coup de la première impression (quelle impression !) et pas... du souvenir. Dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Gondry convoque une ambiance puissamment évocatrice, dont on pourrait dire qu'elle consiste en ces petits détails savoureux, tant au niveau du dialogue que de l'image, s'il n'y avait quelque chose de plus, quelque chose qui fait l'unité véritable du film. En outre, cette ambiance lui permet de dépasser le stade de l'oeuvre-plus-ou-moins-sf-et-très-ambitieuse-pas-mal-foutue-mais-on-en-a-déjà-vu-plein : ici le spectateur est marqué par les couleurs (à l'image des vêtements et cheveux de Clementine), par certaines scènes à la beauté plus ou moins irréelle. Une poursuite désespérée et indifférente à l'effondrement post-onirique de la ville, la danse en sous-vêtements de deux employés irresponsables et défoncés sur le lit même où Joel ne parvient pas à se réveiller, entre autres, ont quelque chose de terriblement réjouissant, qui, conjointement avec les éléments comiques des dialogues ou des situations, conservent au film toute sa légèreté. Les acteurs sont dans l'ensemble très bons (Jim Carrey et Kate Winslet à contre-emploi... du moins c'est ce que je pensai en découvrant leurs personnages), avec une mention spéciale à Kirsten Dunst. Un film potentiellement parfait, donc.
Pourtant, ma note est due au coup de coeur plutôt qu'à une perfection (subjective quoi qu'il en soit) gâchée par le scénario. Pas par le pitch de départ, bien sûr, original, amusant et lourd de sens, mais bien par les développements ultérieurs de l'intrigue. Tout d'abord, on peut être relativement déçu par le caractère prévisible de certains éléments - je n'en dis pas plus, je n'aime pas les spoilers - bien qu'ils renforcent la trame initiale. Ensuite, par la trop grande cohérence, à mon goût, des souvenirs successifs d'un Jim Carrey qui ne semble ni troublé, ni même désorienté... Je ne saurais développer clairement ce dernier point, mais il semble que là-dessus Gondry ait un peu manqué d'ambition. Du reste, c'est un reproche a posteriori qui ne nuit pas du tout à l'impression forte que laisse ce voyage au bout de soi. Et la réflexion philosophique, certes trop explicite à certains moments, est assez riche et cohérente : Eternal Sunshine of the Spotless Mind est franchement sartrien à certains égards (ce qui n'est pas pour me déplaire), mais possède aussi des accents platonico-bergsoniens. En tout cas, il fait réfléchir, dans les rares moments où l'on n'est pas complètement subjugué...
Xangô
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le 8 janv. 2012

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