" J'ai pris un train pour Montauk "
Étonné mais reposé, c'est en tentant de faire fi de mon a priori et sûrement de l'aura particulièrement hype qui tourne autour de ce film que j'ai décidé d'en faire le premier film de la fin de l'été que je regarderai seul, après avoir raccompagné ma copine à la gare. Il faut dire que la période de location sur iTunes expirait 24 heures plus tard, donc il fallait bien en avoir pour son argent. Mais je crois que je n'aurais pas aimé que nous le regardions ensemble. Il y a de très belles citations, de beaux moments, de belles images, citons seulement les deux amants papillonnant sur Charles River gelée, mais il y a dans ce film tout un détachement, un plaisir à regarder, à savourer le concept, qui fait qu'il est agréable et mignon à regarder comme ça.
Le début est effectivement beau, mais pour être hype, j'ai vraiment trouvé ça hype. Les vingt premières minutes, c'est mignon, c'est poétique et je ne m'y oppose pas. J'ai toujours rêvé de ne pas partir au travail, de prendre un autre quai de gare, de courir, de prendre le train, sans billet, sans avoir vérifié l'heure ou les numéros, simplement, simplement partir. C'est une des toutes premières images du film, et je crois que c'est celle qui résume tout le film. C'est un trajet. Dans tous les sens, dans le sens de partir, dans le sens des rencontres, dans le sens des regrets, dans le sens inverse surtout et dans le sens interdit. Je n'ai pas vraiment trouvé que c'est un film d'amour. Ou alors, c'est un film pour jeunes, une petite relation, une jeune femme impulsive, un Jim Carrey un peu paumé, deux personnes qui sont faites ou peut-être pas l'une pour l'autre, mais qui se battent, chacune de leur côté. En fait, c'es tassez individuel. Et si le procédé scientifique est un concept vraiment passionnant, qui ne cesse de me faire penser à Anonther Code, bien qu'Another Code l'exploite à des fins plus sombres, c'est surtout pour conserver ses souvenirs qui m'a accrochée.
Contre la science, contre lui, dans une mise en scène qu'avec de la mauvaise foi je pourrai rejeter parce qu'elle est onirique. Mais je ne le ferai pas. On s'y perd parfois, on ne voit pas tous les liens, mais c'est le cœur du film, et, en tant que spectateur, je me suis réellement senti embarqué dans un monde que je vivais, que je sentais, dans un rêve, dans une expérience. Le film procure des sensations particulières. C'est très concept. Faut aimer. Tout n'est pas creusé, il y a beaucoup d'idées, il y a un peu d'auteur là-dedans, mais Michel Gondry manie tout cela avec une poésie et un détachement qui permet de l'apprécier dans toute sa simplicité. Même si, malgré les beaux moments entre Kate Winslet et Jim Carrey, entre Joel et Clémentine, le lien qu'ils ont réussi à nouer auparavant ne m'a pas semblé très poussé, Eternal Sunshine of the Spotless Mind est un film calme, reposant, beau, parfois fort, parfois triste, merci infiniment à la bande originale, parfois intriguant, bien spécial, mais, dans tous les cas, un bol d'air donnant envie de ne plus rien regretter, ni ce qu'on a fait ni ce qu'on fera, de voir comment ça sera, de se dire que le temps passe et qu'il n'a pas tort, de savoir, comme une des dernière répliques de Clémentine : " Peut-être que ça se fera ".