On aime l'esprit fantaisiste et bricoleur de Michel Gondry, cette énergie ludique à l’œuvre dans tous ses films, même les moins réussis (ceux dans lesquels la tendance à la régression infantile devient trop pesante, à mon goût du moins !). Le bonheur absolu que procure son "Eternal Sunshine of the Spotless Mind" vient que le talent créatif de Gondry s'appuie sur une idée géniale (l'effacement sélectif de la mémoire...) et sur un scénario superbement construit, que cela soit l'habile flashback qui met dès le début, pourvu qu'on soit perspicace, l'histoire qui nous est contée en perspective, ou la remarquable apparition à mi-course d'un "sub-plot" qui sert de révélateur final. L'abattage des acteurs, qui sont clairement dans la jubilation mais n'en font pourtant jamais trop, la magie des trucages mécaniques (on est dans la lignée de Méliès et pas dans celle de George Lucas !), la mise en scène virevoltante de Gondry, toute cette "brillance" d'un cinéma "pop" servent de plus une vision pour une fois très "mature" des rapports amoureux, pour déboucher sur une conclusion aussi terre-à-terre que profondément bouleversante : c'est en affrontant l'inévitable désillusion qui vient avec le temps que le couple peut arriver à préserver le romantisme qui est au cœur de chaque vraie histoire d'amour. Bravo ! Bravo ! Bravo ! [Critique écrite en 2012]