Je me souviens de 1997. J'avais vu Titanic au cinéma et la fille à côté de moi se cachait pour pleurer tandis que je me demandais pourquoi Cameron avait choisi ce laideron de Kate Winslet pour incarner le rôle de Rose.
Quelques années plus tard, je m'incline face à la beauté de Clementine. Beauté un peu destroy façon Punky Brewster, traduction à l'écran d'un concept qui se renie et qui se refuse sans doute plus pour faire genre qu'autre chose.
Bref. Gondry a fait fort : Jim Carrey le clown dans un rôle de taciturne et Kate Winslet la coincée-greluche dans un rôle de délurée. Quelle que soit la critique ou l'avis que vous lisiez sur ce film, vous verrez partout que cette originalité est soulignée. Et à juste titre puisque le couple fonctionne à merveille et que les deux acteurs sont irréprochables. Le reste du casting est tout aussi bon avec des têtes d'affiche reléguées aux seconds rôle : Kirsten Dunst, Elijah Wood et Mark Ruffalo.
Casting astucieux et réalisation déjantée propre au réalisateur français sont au service d'une jolie histoire et d'un scénario parfaitement ficelé. Une histoire d'amour classique entre des gens simples aux tempéraments toutefois diamétralement opposés, des gamins paumés dans un monde d'adultes dans lequel ils n'ont pas vraiment trouvé leur place mais qui se complètent. On apprécie ces scènes de la vie (le restaurant chinois, le doublage cute au drive-in, les conversations/confidences sous la couette) qu'on a sans doute tous vécu mais auxquelles on accorde que trop peu d'importance. C'est d'ailleurs cette erreur qui pousse l'extravagante Clementine à faire appel aux services de Lacuna pour effacer ses souvenirs.
Car Eternal Sunshine of the Spotless Mind c'est l'histoire de ces amoureux qui se sont pourtant bien trouvés mais qui se fâchent et qui préfèrent effacer leurs souvenirs pour ne pas souffrir. C'est la lutte insoutenable de l'un pour ne pas oublier car bons ou mouvais ces souvenirs l'ont construit et ont construit une complicité rare avec l'autre.
Ce combat contre l'oubli mené par Joel est mis en scène de façon psychédélique par Gondry et ses monteurs. Tout s'effondre à mesure que les souvenirs disparaissent et qu'on creuse de plus en plus dans le cerveau de Joel. Aidé par une bande originale parfaite dont le "Theme" de Job Brion et le hit de Beck, Gondry accouche au final d'un film totalement empreint de poésie. Une poésie que l'on retrouve dans le titre du film emprunté à un poème d'Alexander Pope.
Eternal Sunshine of the Spotless Mind c'est un 9/10 qui pose chez moi une question : pourquoi pas 10/10 ? Peut-être parce que c'est un film qui rend les gens heureux et qu'au contraire il me rend plutôt triste. Et vous ?
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