"Etoile sans lumière" (jolie métaphore pour une anonyme qui prête sa voix à l'avènement du cinéma parlant) est un drame assez primaire dans lequel Marcel Blistène exploite la personnalité d'Edith Piaf à travers un rôle qui lui ressemble de femme chétive, humble, naïve. Drame rudimentaire parce que les personnages que l'on rencontre dans le film sont parfaitement identifiables, conventionnels, voire caricaturaux : la starlette vaniteuse, l'impresario crapuleux (Jules Berry forcément!), la doublure méprisée... autant de figures superficielles évoluant dans un milieu du cinéma factice et témoignant de l'insignifiance du sujet.
Edith Piaf, entre deux chansons, en fait un peu trop dans le pathos; Yves Montand, dans son premier rôle, joue les amants délaissés sans conviction parce que le film n'en exige pas. Blistène se montre complaisant et démonstratif; sa mise en scène stigmatise autant son inexpérience qu'un langage au mieux candide. Aussi, le pessimisme de nature mélodramatique du dénouement qui entérine
l'échec de l'étoile sans lumière
rappelle que le film ne tient pas les promesses poétiques qu'invoque son titre.