Pour introduire ce film je pars d’une lecture :
La colonisation n’est pas une métaphore de Eve Tuck.
Un triptyque nous donne l’itinéraire d’une envolé qui doit systématiquement passer par la violence, en nous plongeant dans des paysages et des climats toujours différents.
Il y a à retenir une possibilité de vivre le climat, le noir et blanc donne chaud là où la couleur donne froid, un parfait contraste dont le cinéma ne s’est guère entiché, Lisandro Alonso y arrive très bien. L’horreur c’est les différentes formes du colonialisme qui traverse le temps jusqu’au écran « de la boîte à troubadour » comme dirait Quenard.
Tout du long, on cherche l’enfant, la fille, la femme, qui n’aspire plus qu’à un souhait s’envoler peu importe la condition.
C’est un voyage dans des sentiers quasiment inexploité au cinéma. Il y aura effectivement un ressenti celui du temps. Le temps essouffle, il doit se ressentir car la mort est bien plus rapide que la vie. Pourtant ça reste une envolée.
La photographie est magnifique, l’image dit tout, chaque plan nous fixe.
Sans jamais aucun contact avec l’histoire coloniale des Amériques, un public non avertie pourrait en ressortir affaiblie de sa propre inconsistance en la matière. En effet, la soupe n’est pas servie pour des bouches à nourrir mais pour des curieux, attentif à l’objet même du film. Il serait de mauvais ton de ne pas accepter que le cinéma peut avoir encore des choses à dire par sa forme plutôt que par une approche dans laquelle seul le dialogue permettrait de dire.
L’oiseau doit pouvoir s’envoler, lui qui a perdu déjà beaucoup de plumes.