2h10 à regarder une femme assise à une table, qui respire (la femme, pas la table), "fin". On caricature, bien sûr, mais le ressenti est sincère : on a cru mourir d'ennui. On n'a pas saisi grand-chose à l'intérêt de caser cette ouverture de western pour la faire effondrer trop vite (bye-bye, Viggo Mortensen, bye-bye intrigue linéaire... Quel dommage), ni à ce twist fantastique qui déboule à l'improviste (
la femme se transforme en grue
... Ça va, la fumette ?), ni à cette lenteur accablante, composée de trop nombreux plans de la femme attablée qui attend que le temps passe. Ceux qui s'endorment, ceux qui partent en essayant de ne pas trébucher sur les voisins de siège, ceux qui s'enquiquinent poliment (pour le dire avec courtoisie), faites votre choix dans les catégories de spectateurs devant Eureka. Pour notre part, ce film est le cliché "du film de Cannes" (expression désobligeante dans la bouche du spectateur lambda) qui donne raison à ceux qui abandonnent les films de Festival, de peur de tomber d'ennui. On ne sauve clairement rien, ayant eu l'impression d'une autosatisfaction intellectuelle, d'un auteur qui nous prend de haut avec son film insaisissable, qui nous enlève de la bouche l'ouverture qu'on trouvait agréable, qui nous pond un twist fantastique dans un scénario très sérieux et plombant jusque-là (le sentiment de n'arriver à rien dans sa vie, d'avoir envie d'en changer radicalement...), qui nous lâche en fin de film sans véritable réponse, comme un aveu qu'on a perdu notre temps. Eureka est loin d'être un éclair de génie, il ressemble plutôt à un encéphalogramme plat.