Il y a eu une vie avant Cuaron
Voici tout à fait le genre de film pour lequel mon affection me laisse penser que je suis parfois seul dans mon monde. A l’image de la grosse bouffée d’angoisse que m’avait refilé le 3déesquement immersif Gravity ou du vrai plaisir que j’avais eu à redécouvrir Vernes à travers Sphère en son temps, Europa Report m’a emporté.
Bien entendu la trame est au final assez classique. Le découvrant après Gravity, il ne faut cependant pas oublier qu’il est plus ancien et que Sebastian Cordero ne pioche pas chez Cuaron mais dans un vaste panel d’œuvres à base de vaisseau perdu dans l’immensité de l’espace, offrant la possibilité de découvrir un huis-clos oppressant, avec sa galerie de personnages dont au moins un pète un câble au cours de l’aventure. Bien entendu, on se doute bien que l’histoire va mal se passer et que Houston va encore se dire que, décidément, problème eut été un nom impeccable pour la ville texane.
Mais, pourtant, et malgré le manque évident de moyens (et c'est sans doute un atout ici), ça prend. Plus immersif et réussi que Mission to Mars ou Sunshine, cette aventure spatiale joue habilement du Found Footage sans sombrer dans le grand-guignol final du film du Sunshine de Boyle. Au moins le mystère demeure quant à cette terre qui reste à découvrir. La rigueur scientifique est on ne peut plus respectée au regard du format imposé, sans pour autant sombrer dans un verbiage inutile. Je me doute bien qu’un spécialiste pourra tiquer sur la gestion de la pesanteur, sur l’approche de la promenade sur Europe mais, franchement, j’ai vu tellement pire … Les acteurs font vivre cette heure 30 sans en faire des tonnes, l’émotion est subtilement dosée, entre sacrifice, accident et volonté de cette foutue humanité d’aller toujours plus loin dans sa quête des questions existentielles. On pourrait regretter que l’équipage ne soit pas plus développé mais le format du Found Footage ne permettait absolument pas de le faire de manière crédible.
Justement oppressant, intéressant grâce au travail de recherche qui transparaît, ne cédant jamais à la surenchère d’action malvenue, cette virée spatiale mérite qu’on s’y attarde, surtout au regard d’une notation vraiment sévère sur senscritique. Aussi un 7 volontaire pour remonter cette petite moyenne et même, allons-y, un coup de cœur pour souligner le tout.