Tout avait bien commencé. Vingt minute de visionnage et j'avais un bon a priori: bon rythme, montage ambitieux, trame prenante et bons acteurs. Le côté Found Footage que j'aime bien pouvait coller à la SF, et les décors, malgré le manque de moyens évident restaient cohérents et crédibles. J'étais prêt à adhérer. J'étais.
Parce qu'après cette fameuse vingtaine de minutes, tout bascule justement. On se rend compte de trois choses:
1) La réalisation déploie des efforts colossaux pour paraitre originale, et d'emblée on sent que quelque chose cloche...
2) L'évidence arrive: Tout sonne creux.
3) On hoche la tête: La trame est épaisse comme une peau de chagrin.
Et là je me suis énervé parce que je me suis rendu compte qu'à aucun moment le choix du style "Found Footage" ne se justifiait. Sans aller jusqu'à spoiler, je pousse un gros coup de gueule contre ces réalisateurs qui cachent un manque de moyens et surtout une direction artistique passable derrière l'originalité de la photographie. Là où les meilleurs vont jusqu'à enlaidir volontairement une image HD, comme Barry Levinson dans The Bay par exemple, d'autres font honte à cette catégorie déjà peu accessible, comme EUROPA REPORT, AU HASARD.
Mais qu'est-ce qui me pousse à dire ça ?
1) Les trop nombreux flashbacks: s'ils permettent un rebondissement moins pire que le reste à la fin, ils servent surtout à masquer le pitoyable scénario, qui en plus de suivre un déroulé incroyablement scolaire vous délivre une succession de rebondissements sans le moindre intérêt. Le premier pic narratif apparait d'ailleurs comme un cas d'école de la nullité. Ce qui est au départ prévu comme un point culminant de tension psychologique se termine par la contraction nerveuse de vos zygomatiques et un sentiment de honte pour le scénariste qui a tenté ça. Le risible accident lors de la réparation du module de commande est monstrueusement NUL. J'hésite d'ailleurs à vous le conseiller, tellement j'ai rigolé.
Cette séquence est l'aveu même de la vacuité du scénario. Tout y est artificiel, prévisible et factice. Dans la plupart des scènes, on ne voit d'ailleurs quasiment aucun accessoires. La photographie "Found Footage" ne permet pas non plus de se focaliser sur un détail vous me direz, et comme l'univers du film est assez froid, on ne peut donc pas développer d'empathie pour les personnages ou le vaisseau...
Le fameux "incident dramatique" arrive donc de manière prévisible, mais avec en plus si peu de vraisemblance qu'on est obliger de rigoler. Et c'est là le début de la fin. Parce que...
2) De manière générale, on dirait que tout le budget a été mis dans l'intérieur du vaisseau, puis de manière dégressive dans les tenues, les écran LCD, et enfin les ordinateurs que l'équipe du film a dû avoir en prêt.
En y regardant de plus près, il n'y a quasiment AUCUN accessoires. Même pas une clef à molette. Rien. Si ça passe dans Gravity ou Cube parce que dans les scènes clefs on utilise des accessoires pour crédibiliser l'action, ici je dois dire que c'est assez difficile à gober parce que...
3) Il y a beaucoup d'ellipses narratives. Ç'est bien commode... Toutes les scènes qui pourraient demander une manipulation quelconque sont éludées. Une fois, ça passe. Mais quand c'est utilisé pendant tout le film, ça finit par agacer. Du coup je me demande toujours comment ils ont réussi à ouvrir ce satané panneau du module de télécom...
4) Et c'est compter sans les nombreuses incohérences ou immondes conneries égrenées à chaque dialogue. Par exemple une fois arrivés sur Europe, nos chers astronautes vont tenter un forage. Ils font descendre une sonde sous la glace. Sauf qu'une sonde, ce n'est pas une foreuse. Pire, cette fameuse sonde est envoyée forer plus de trois km de glace avant de tomber en rade. Ok. Or après un épisode de dialogues ridicules saupoudrés de clins d'oeils grossiers à Abyss de Cameron, les astronautes décident de faire une sortie sur la surface. Où ils vont donc découvrir de manière absolument pas du tout prévisible du plancton, déposé délicatement dans de la glace pilée, tout frétillant qu'il est d'annoncer qu'il y a de la vie sur Europe.
Une question me brûle donc les lèvres: Quel est l'intérêt du forage dans ce cas ?
Mais il y a pire. En bon rebondissement bien ridicule, la glace se met à fondre à vitesse grand V, pile poil au moment où l'astronaute arrive sur une zone d'ombre pas du tout fléchée "Attention rebondissement RIDICULE". Du coup, devinez qui se fait embarquer sous la glace ?
Vous souriez ?
Mais le vaisseau, lui, à juste 100m, a toujours trois km de glace sous les tuyères ? Elle est quand même fragile la glace sur Europe...
Et tout le reste est constamment comme ça. Ce qui m'amène au:
5) Le scénario est franchement ridicule. Je m'attendais à beaucoup mieux, et pourtant je partais bon public. À aucun moment on n'est surpris, où vraiment captivé par la trame. Seul le rythme du film et les différents artifices de montage vous maintiennent suffisamment concentré pour ne pas éteindre la télé. À moins que ça ne soit la curiosité de voir la niaiserie du scénario. Parce que des producteurs ont donné de l'argent pour ça, ne l'oublions pas.
6) Dernier point, et non des moindres, la technique du Found Footage n'est JAMAIS justifiée. On découvre les agissements de l'équipage par le biais des caméras intérieures et extérieures, ok. Mais une photographie classique le permettait aussi, et aurait surtout permis de meilleurs choix artistiques. À la rigueur les seuls passages qui auraient pu se justifier d'un point de vue dramatique étaient les passages en scaphandre, avec les gros plans dans le casque. Mais là encore la piètre direction artistique plante l'action en se focalisant sur les visages à un moment où n'importe quel débile vous aurait montré ce qui se passe. Même un tentacule en polystyrène serait passé, vu le manque de moyen. Mais là ça fait juste braire. Du coup tout ce qui se passe devient risible et pue le manque de moyens, ce qui avait été pourtant bien contourné juste avant... Comment ruiner le peu de positif d'un film en deux minutes.
Au final, on obtient donc un film décevant, très décevant. Tout est en carton. Quand je met bout à bout tout ce qui m'a déplut, je ne peux plus justifier les six étoiles que je pensais attribuer au film par compassion. Le rythme et la technique sont une chose, les catastrophes de la narration, l'incapacité de créer une intensité dramatique et enfin la piètre direction artistique en sont une autre. Je serais même tenté d'enlever une étoile supplémentaire pour l'escroquerie que représente le choix de photographie, clairement là pour cacher la misère, mais je crois que ça ne changerait pas grand chose. J'ai honte d'avoir regardé ça.