... Nous moins, en subissant cette énième variation, un peu poussive de La Femme et Le Pantin. On connait d'avance toutes les péripéties et tous les enjeux de ce genre d'histoire. Guère de surprises donc et peu d'empathie pour ces personnages veules, cruels, cyniques et d'une vulgarité assommante. Argent et sexe à tous les étages de maisons ou d'hôtels clinquants et faussement classe.
Rien d'étonnant, l'histoire venant d'un roman de James Hadley Chase, qui n'a jamais brillé par sa subtilité. On est bien loin du venin et de l'ambiguïté de ''The Servant''. Comme quoi un véritable auteur, comme Pinter, peut vraiment faire la différence.
La construction du film semble brouillée, l'ordre des scènes presque aléatoire, on ne sent que trop peu la progression logique de la plongée dans la déchéance du personnage masculin principal, plutôt maladroitement incarné par un Stanley Baker trop virilement monolithique (ou monolithiquement viril).
Restent deux belles actrices (on comprend l'hésitation du personnage entre Jeanne Moreau et Virna Lisi, la mégère et la martyre professionnelle) à l'interprétation remarquable, malgré l'outrance un brin tapageuse des personnages. (surtout celui de Moreau, hélas, à la limite de la caricature, même s'il est remarquablement bien défendu par l'actrice).
On attribuera également un accessit à la très belle photographie de Gianni Di Venanzo et Pasquale De Santis qui ont travaillé avec les plus grands (Fellini, Visconti, Rosi, Antonioni, Bresson, De Sica, Scola, Zefirelli, excusez du peu !!). Ils ont su, grâce à leur noir et blanc voluptueux et à leurs cadrages sophistiqués nous montrer la beauté des hauteurs de Rome et le charme vénéneux, la sensualité décadente d'une Venise baignée de gris hivernaux et désolés.
Assurément la plus belle réussite d'un film hélas gâché par un scénario par trop convenu et sans aspérités.