Toute la Vérité, rien que la vérité.

A mon grand étonnement, lors de mes recherches sur ce site, il m'a été impossible de trouver une critique négative de ce film. Comme l'unanimisme moutonnier ne m'inspire rien de bon, j'ai décidé de m'y coller, avec humilité, sans chercher à pondre un essai définitif et exhaustif sur l'oeuvre; mais en donnant un avis subjectif et partiel (voire partial pour les mauvaises langues).
En prolégomène, et pour contrer toute tentative de dévoiement de mes propos, j'insiste sur un fait : je considère Clouzot comme un des très grands cinéastes français, je pense que le Salaire de la Peur et Quai des orfèvres sont des chefs d'oeuvre, j'ai une grande tendresse pour l'Assassin habite au 21, et je sais que le Corbeau ou les Diaboliques sont deux films remarquables.
Il n'y avait guère que la Prisonnière, dans ce que j'ai vu du Maître, qui me semblait plus faible.
Jusqu'à aujourd'hui, car j'ai beaucoup soupiré durant la projection lors du Festival Lumière. Et pas d'aise, hélas ...
Car le film est bien irritant. La forme si elle manque parfois de rythme reste correcte sans atteindre au sublime des plus belles réussites de Clouzot.
Certes la succession des séquences procès de cour d'assises / flashbacks explicatifs de l'affaire criminelle et de l'histoire d'amour donne envie d'aller au bout, pour comprendre le pourquoi du comment de ce fait divers.
On doit également porter au crédit de cette forme alternée qu'elle illustre parfaitement la difficulté à cerner la Vérité absolue si tant est que celle ci existe, la somme des témoignages contradictoires ne permettant jamais une vision synthétique et ''objective'' de l'affaire.
Mais cette construction alternée est hélas aussi source de baisses de rythme déstabilisantes et peu habituelles chez l'auteur, souvent plus près de l'os que dans cette bluette opposant générations et classes sociales de manière bien lourde et démonstrative (je ne suis jamais allé voir de procès mais je doute qu'un juge d'assises prononcent des jugements aussi péremptoires et sottement moralisateurs que celui interprété par Louis Seignier.)
L'interprétation est honnête même si on a vu le géant Charles Vanel plus en forme. Quant à Paul Meurisse, ben il fait du Paul Meurisse...
Mais il faut pour se satisfaire de cette interprétation passer au dessus de l'ennuyeuse prestation de Sami Frey, pas très bon, trop raide et trop monolithique. Quant à Bardot si elle est meilleure que d'habitude (çà n'est pas difficile, elle est souvent extrêmement médiocre, voire mauvaise) une chose m'a gênée : on a souvent dit que les producteurs avaient imposé BB à Clouzot pour lui permettre de dépasser son image de starlette et lui donner une nouvelle dimension d'actrice.
Le problème, c'est que le rôle reste vraiment trop marqué ''starlette/jeune femme libérée, qui montre ses fesses et allume tous les garçons '' elle reste finalement trop dans le même registre qu'à l'ordinaire.
Certes le personnage est beaucoup plus dramatique que dans ses autres films, porteur d'autant de pulsions de mort que de l'instinct de vie qui caractérise son personnage habituel.
Et en cela, le rôle de Bardot (et son interprétation) est plus intéressant qu' à l'ordinaire
Le problème, c'est qu'on se fiche complètement des tourments pseudo existentialistes des protagonistes du film .
Ou plus exactement on se fiche de l'opinion qu'a ce vieux grincheux de Clouzot de ces jeunes étudiants désoeuvrés et nihilistes, comme on se fichait de la peinture qu'en faisait Carné dans '' Les Tricheurs '' deux ans auparavant.
Car si ces deux là comptent parmi les plus grands cinéastes français, ils ont en commun d'avoir raté leur fin de carrière, en voulant à tout prix '' rester jeunes '' alors que le temps, impitoyable, avait inexorablement fait son effet : ils étaient désormais des vieux c...inéastes qui voulaient nous expliquer un monde qu'ils ne comprenaient plus vraiment...

Melenkurion

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