Cruelle disparition du quotidien.
Des trois films Eva parus à ce jour, chacun y va de sa petite ambition. Et c'est le moins que l'on puisse dire après un premier film qui cite au plan près la série animée, un deuxième qui rebondit avec hardiesse sur des acquis que l'on pensait intouchables pour offrir un spectacle parallèle et exaltant aux fans de la première heure, et ce troisième qui sonne comme le métrage de la destruction, du nouveau départ. Fichtre, si l'on avait affaire à un format télévisuel traditionnel, on pourrait même penser à une nouvelle saison !
Une fois au bout, on réalise à quel point la promesse d'une conclusion en deux parties n'était pas du flan, tant l'expérience est frustrante privée de sa seconde moitié. Certes, les deux opus précédent s'achevaient de façon prématurée compte tenu de la globalité du récit, mais ils étaient maintenus par une unité thématique qui nous préservait de la frustration du "to be continued". L'exercice est ici proprement différent, voir asymétrique. Comprenez que le climax est en réalité la séquence d'ouverture, et que la "fin" n'a aucune valeur conclusive. Le coeur du film quant à lui, établit le grand retour du Shinji solitaire que même les fans hardcores ne peuvent pas supporter, relayant à l'arrière plan les personnages secondaires que "You Can (Not) Advance" construisait pourtant de si belle façon.
Force est d'admettre que ce que l'on ressent devant le film est hors du commun, mais pas nécessairement agréable. Ainsi, si les anciens longs métrages avaient le pouvoir de générer une forme d'attente pour les suites à venir, celui-ci aboutit à une véritable sensation de manque. La valeur du film comme long métrage repose très honnêtement sur celle de sa future suite et ne reste pour le coup qu'hypothétique à l'heure d'aujourd'hui. A côté de ça, vous êtes tout de même assurés de l'awesomeness traditionnel d'Eva. C'est à dire d'entendre des techniciens japonais balancer des rapports statistiques et matériels à mesure que les ressources sont déployés en pleine bataille désespérée, d'avoir une image et une animation léchées et surtout bourrées de détails (sans compter une utilisation de la 3D un poil plus maline et maîtrisée que dans l'opus précédent).
On se revoit donc dans quatre ans pour, espérons-le, une conclusion à la hauteur des promesses de cet opus atypique.