Schwarzenegger et Stallone dans un même film, il va sans dire que c'est la collaboration dont tout amateur du ciné d'action des 80's rêvait, mais qui était impossible à l'époque à cause de la concurrence entre les deux légendes. Escape plan était donc un film-évènement, malheureusement pas assez vendu comme tel en France : une avant-première digne de ce nom avec les deux acteurs, comme pour Expendables 2, aurait été la moindre des choses.
Certes, un autre homme aux commandes de ce film aurait été appréciable, Mikael Håfström n'ayant rien fait de bien glorieux en tant que réalisateur (il avait pourtant écrit, en Suède, le sympathique Cops), mais peu importe, les deux têtes d'affiche semblaient pouvoir porter le film à lui seul.
Dans les débuts d'Escape plan, il y a tout de même des tentatives d'avoir un montage et des plans originaux, avec une mise en scène plutôt marquée donc. Mais, toujours concernant la façon de filmer, l'action est peu lisible ! En gros, c'est l'inverse de ce qui importe dans un film d'action de ce type.
Au moins, le scénario paraissait intéressant, Stallone jouant Ray Breslin, un employé d’agence de sécurité qui est spécialisé dans l’évasion de prison, pour prouver leur inefficacité. Mais quand on voit l’application de cette idée dans le film, ça paraît absurde, à cause notamment de la confiance roublarde de Breslin quand des policiers braquent leurs armes sur lui après son évasion, ou quand il se fait attaquer par des co-détenus, ou alors à cause du manque de subtilité ridicule lors de l’évasion, la complice du héros arrivant devant le pénitencier à bord d’un véhicule qu’elle fait exploser juste après en être sortie, alors même que les gardiens ont leur regard dirigé vers elle !
Je pensais que les explications concernant la façon dont s’évade Breslin seraient sympas, mais c’est limite grotesque aussi ; aucun prisonnier n’aurait les moyens et/ou serait assez astucieux pour faire la même chose.
Ray Breslin se fait envoyer ensuite dans une prison privée, faite pour les criminels si dangereux que cette incarcération doit être une alternative à leur élimination. La prison est très futuriste, ajoutant une part de SF au film, comme dans Volte/face. Les détenus y sont privés de toute humanité : ils sont enfermés dans des cages vitrées, sont filmés en permanence, portent des code-barres, les gardiens portent des masques noirs affichant un visage neutre, et il n’y a aucune fenêtre. L’essentiel pour les concepteurs de la prison, c’est uniquement le pragmatisme.
C’est une fois dans la prison qu'on voit arriver, enfin, Schwarzenegger, et c'est un vrai plaisir car il a toujours été bien plus marrant que Stallone. Heureusement qu’on a ce duo, parce que c’est ce qui constitue une majeure partie de l’intérêt du film, qui autrement est plutôt mou, et traîne tout le temps. Et encore, les deux stars ne nous offrent que peu de ce qui a fait leur succès dans le cinéma d’action : il y a peu de baston, peu de fusillades, et la réplique la plus fun est dans la bande-annonce ("you hit like a vegetarian"), le reste n’est que blagues faciles à base de variantes de "dans ton cul" ou "ta mère…", ou alors ce sont des one-liners dénués de sens.
Pendant que Stallone et Schwarzie cherchent à s’évader, les scénaristes ne savent trop que faire des collègues du héros, mais se sentent obligés de les montrer tout de même de temps à autre, ainsi on voit 50 cent et Holly Flax chercher, en quelque sorte, leur ami. Ils tapent sur un clavier et voient s’afficher "mot de passe invalide", ou alors ils disent, "as-tu lancé un [insérer ici terme technique] ?" – "Oui, deux fois" – "Relances-en un". Fin de la scène. Après ce qu’on imagine être des semaines, 50 cent (qui porte des lunettes, pour faire plus intelligent) découvre des informations sur la prison où est retenu Breslin. "Où il est ?", s’enquiert la fille ; survient une musique dramatique, sur laquelle l’autre répond "Je ne sais pas". Ah merci, c’était utile !
Le film manque vraiment d’action et de rebondissements. Enfin si, il y a une "révélation" très peu surprenante sur l’identité de la personne qui a piégé Breslin en l’enfermant dans cette prison high-tech (vous n’avez qu’à chercher le seul personnage qui a été présenté dans le film, et qui ne s’inquiète pas un instant du sort du héros).
Il aurait fallu une ou deux intrigues secondaires, en plus de cette simple recherche d’un moyen de s’évader. Les quelques embûches que Stallone et Schwarzie trouvent sur leur chemin, ils s’en débarrassent sans encombre ; que ce soit le directeur de la prison qui veut obtenir des infos de Stallone, qui le baratine, ou bien ce gardien censé briser la volonté du héros en le persécutant, rien n’est vraiment une source d’inquiétudes pour le spectateur. D’ailleurs, cette intrigue avec le gardien, on l’oublie rapidement. Les scénaristes semblent avoir des problèmes de continuité, ils lancent des pistes qu’ils n’exploitent pas, ainsi si il est intéressant de voir comme Stallone repère la routine des gardiens, malgré leurs masques qui cachent leur identité, ces infos qu’il récolte ne servent à rien ensuite !
Et au final, l’évasion en elle-même n’a rien de bien intelligent, les héros déclenchent une émeute, et profitent tout simplement du chaos pour s’enfuir.
On n’échappe pas non plus aux scènes clichés, comme celle avec le mourant qui exige que les héros le laissent derrière tandis qu’il continue de se battre jusqu’au dernier souffle… et d’ailleurs, avec plusieurs balles dans le corps et deux flingues en main, il arrive à tuer une poignée de gardes armés de fusils automatiques…
Escape plan aurait eu besoin de plus de scènes comme celle où Schwarzie décroche une mitrailleuse de son support pour dégommer des gardes avec.
Il aurait fallu soit un scénario réellement intelligent, soit plus d’humour, soit plus d’action ou de badass-attitude. Escape plan manque de tout ça. Il y a bien Stallone et Schwarzenegger, mais ce n’est pas le film dont on rêvait pour autant.