Evasion ou la libération d’un fantasme emprisonné pendant 25 ans de voir réunies sur le même plan les deux plus grandes vedettes du cinéma d’action des années 80-90 : Stallone et Schwarzenegger ! Quel film pouvait résister à cette attente ? Maintenant qu’il est réalisé, on reste taraudés par une nouvelle question : auraient-ils fait le même film il y a 25 ans ?

Si Evasion est un film à l’ancienne dans son scénario, avec son méchant stéréotypé, la manière dont son intrigue est menée, on peut penser qu’ils n’auraient pas tourné un film de prison au sommet de leur carrière. Car il y a quelque chose de paradoxal d’enfermer des vedettes connues pour leurs prouesses physiques, dans une prison qui en bride la démonstration. Pourtant, on a vu qu’ils étaient capables de beaucoup dans les Expendables et le Sabotage d’Arnold à venir, oppose un démenti radical à ceux qui aiment répéter en boucle qu’ils sont trop vieux. Alors pourquoi un film de prison ? Peut-être tout simplement pour faire un film qui se distingue dans leur parcours. Certes, on a vu Stallone se faire emprisonner dans la moitié de sa filmographie (Haute Sécurité, Judge Dredd, Tango et Cash, Demolition Man…) mais la plupart de ces films sont des films d’action. Or Evasion n’est pas un vrai film d’action. C’est plutôt une sorte de thriller émaillé de scènes d’action, avec une grande scène finale. Pour le reste, c’est stratégie et réflexion.

Oubliez la bande-annonce, Evasion contient son lot de surprises dans le scénario qui d’ailleurs est remarquable dans son ensemble plus que si l’on en analyse chaque scène séparément. Il y a en effet parfois des enchaînements bizarres alors que les révélations finales tiennent très bien la route. Côté mise en scène, il n’y a rien de particulier, hormis un ralenti pour Arnold qui peut faire monter les larmes (si on est un peu taré !).

Grande question pour chaque clan. Lequel des deux gagne d’un point de vue prestance et bravoure ? Stallone est plus présent à l’écran et il semble très à l’aise. Il est par ailleurs le cerveau de l’intrigue. Schwarzenegger est plus passif mais son rôle exige de lui de jouer davantage la comédie que dans d’autres films qui privilégient l’action. Et on a enfin le plaisir de l’entendre parler allemand ! Ce qui est d’ailleurs très intéressant : dans la même veine qu’Expendables 2 dont la plupart des héros revendiquent le fait qu’ils ne sont pas américains dans une scène mémorable, on voit que Schwarzenegger consent à se « désaméricaniser ». Avançons à cela une raison : Evasion a réalisé un piètre score aux Etats-Unis compensé par des entrées internationales très correctes voire colossales en Chine où le film finira avec le double du chiffre américain. Quant aux Expendables, ils ont très bien marché aux Etats-Unis mais ont triplé leurs recettes dans le monde. Ces stars ont ainsi vu leur aura mieux conservée à l’international qu’à Hollywood. Elles ont donc tout intérêt à s’européaniser ou à truffer leurs films futurs de gages de sympathie en direction de l’Europe et de l’Asie et ainsi afficher une proximité avec ces pays pour récompenser leurs fans fidèles. Il y a à parier qu’EX3 mettra encore davantage à l’honneur Jet Li ou d’autres acteurs chinois.

Pour en revenir à Evasion, on peut mentionner des seconds rôles bienvenus comme Sam Neill et Jim Caviezel, sortes de caution de qualité, qui achèvent de faire de ce film, un spectacle plus que recommandable, un plaisir tardif tinté de regrets, alors que les rides ont remplacé les veines saillantes. Pour autant, ces stars sont entrées dans l’ère la plus belle de leur crépuscule qui ne fait que débuter, illuminées par le soleil de leur propre légende. Espérons qu’avec Evasion, on tourne enfin la page de la nostalgie pour qu’ils puissent vivre leur carrière au présent, en cohérence avec la beauté de leurs âges. Avec Sabotage, Arnold est sur la bonne voie : le film semble en finir avec les références au passé pour proposer sinon quelque chose de nouveau, quelque chose totalement dans l’ère du temps, tant sur le plan de la mise en scène que de l’esthétique. Espérons pour Stallone qu’Expendables ne sera pas de nouveau qu’un simple catalogue de répliques cultes de ces vedettes prisonnières de leur image et de leur gloire. Maintenant que l’évasion a eu lieu, ils sont libres…

- Par David -
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6

Créée

le 2 sept. 2014

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