Ève, produit par la Fox, sorti en 1950, fait le portrait d’une jeune femme déterminé à devenir une star du théâtre. Le film est aussi l’occasion de découvrir l’envers du décor du monde du spectacle, et notamment un bon nombre de ses pratiques douteuses. Je ne voudrais pas trop en dire sur l’histoire, pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui ne l’auraient pas encore vu. En ce qui me concerne, j’ignorais tout de ce film avant de le visionner, et j’ai été très agréablement surpris. L’intrigue qui parait très fade de prime abord monte en crescendo, lentement mais surement, jusqu’à un paroxysme étonnant avant de se conclure avec une ingéniosité fascinante. Tout est maitrisé dans le scénario, tout est très bien pensé, et Ève mérite amplement sa place dans le patrimoine des chefs d’œuvres du cinéma. C’est un film épatant.
La distribution est géniale, avec une Bette Davis entière et attachante, malgré ses sautes d’humeur. Le jeu d’Anne Baxter est incroyable et sublime le rôle de cette femme déterminée qui fait naitre en nous des sentiments horriblement contrastés. Celeste Holm nous apparait dans une douceur innée et réconfortante. George Sanders, Gary Merrill et Hugh Marlowe ont un peu moins de place pour briller au milieu de ces trois femmes happant la lumière, pour autant, ils sont tous dans le ton.
Le film dure plus de deux heures, et j’avoue ne pas avoir vu le temps passé, tellement j’étais plongé dans l’intrigue. Pourtant cela semblait mal parti, car le début du film m’a un peu ennuyé, et je ne comprenais pas où l’histoire voulait en venir. Le décor met beaucoup de temps à se planter, et la crise se fait un peu trop attendre. Mais une fois dépassé la première demi-heure on commence à entrevoir un loup qui se cache parmi les protagonistes, on se pose les bonnes questions, la première d’entre elles à savoir si Margo Channing frôle la paranoïa ou si ses craintes sont justifiées. L’ambiance est agréable, avec une mise en abyme du théâtre des plus intéressantes. Les dialogues sont parfois poussifs et manque un peu de naturel, il suffit alors de les justifier par l’exubérance et la fantaisie des personnages issues du monde du spectacle.
En conclusion, j’ai adoré et je recommande ce petit bijou à tous ceux qui liront cette critique.