Tourbillon Vertige Spirale
Brillante idée que celle de la mise en abîme du cinéma dans le théâtre et de la pluralité de la narration.Le spectateur est constemment dupé selon ce qu'il voit ou entend: au départ il est impossible d'avoir de l'empathie pour l'excellente Bette Davis;paradoxalement,quand elle est dans sa loge et se démaquille lors de la rencontre avec Eve les dés sont jetés:c'est encore du théâtre dans le théâtre (Davis est grimée par sa toilette comme si elle portait un masque dramaturge).
Eve est le prénom qui semble révéler le point de vue du réalisateur non pas juste sur son personnage principal mais sur toutes les femmes,voire la complexité des femmes,qui, il faut le dire assurent les rôles les plus cruciaux du films alors que l'aspect psychologique des hommes est réduit à des comportements plus mécaniques.
Film incontestablement avant gardiste : L'eve qui nous paraît si humaine au début s'instrumentalise grâce à la narration des différents protagonistes,A cause de ces récits et donc de la parole il est impossible pour le spectateur de voir en Eve une entité "humaine",elle n'est plus que l'incarnation de ses ambitions:plus elle se diabolise plus les autres femmes gagnent en substance et acquièrent un coeur,chose approchée de près par Eve et vite perdue au profit de la gloire.
On ne peut s'empecher de penser bien sûr à Eve en tant que "première" femme biblique créee justement par le souffle ou la parole,ce n'est qu'en tant que récit rapporté qu'elle existe dans le film,récit dont le but est de se démultiplier à l'infini pour incarner l'universalité du sujet qui est aussi le monde du théâtre.En effet la scène finale aux miroirs est un prodigieux tourbillon qui reflète un monde où l'on se perd.
Une des phrases les plus délicieuses du film :"Murmurer ses louanges sonne aussi faux que de les hurler".