Apres Keanu Reeves dans John Wick c’est à une autre actrice culte Salma Hayek d’être la vedette d’ un film d’action hyper-stylisé qui la voient affronter une armée de tueurs. Retranchée dans son appartement la star mexicaine doit faire face aux assassins envoyé par son ex ne pouvant sortir car même ses voisins ont reçu l’ordre de l’abattre car il n’est autre que le propriétaire de l’immeuble.
Mix de rape-revenge et de contained-thriller à la Die Hard Everly est un film graphique dans tous les sens que ce mot peut revêtir en anglais très visuel mais aussi d’une violence explicite parfois carrément gore.Mais sa stylisation et l’esprit très comic-book de l’ensemble en désamorce les aspects les plus dérangeants.
Le film est un écrin pour Salma Hayek qui joue tous les aspects de cette héroïne, physiquement bien sur l’actrice de 48 ans (!!) assure (c’est un euphémisme poli) mais elle ne fait pas pour autant d’Everly un clone de la fiancée de Kill Bill ou de Sarah Connor, lui conservant une fragilité même quand elle dessoude une horde d’assassins de façon presque maladroite. En n’en faisant pas une super-tueuse aguerrie mais une femme blessée et une mère qui lutte pour sauver sa fille promise au pire sévices par le bad guy Taiko (Hiroyuki Watanabe) elle ancre son personnage dans une réalité émotionnelle.
Le script Everly, qui a figuré sur la prestigieuse Black List si il est assez simple est structuré idéalement afin de permettre à Joe Lynch de faire une démonstration de ses talents offrant un catalogue impressionnant d’épreuves pour Everly : Yakuzas, troupes d’assaut,chiens d’attaques, armes automatiques,sabres, sais,lance-roquettes (!) et offre un bad-guy d’anthologie avec un assassin surnommé The Sadist (Togo Igawa) qui semble sorti de la rogue-gallery de Batman.
Si il fait preuve d’une énergie jubilatoire dans la mise en place de scènes d’action Joe Lynch sait ménager des pauses émotionnelles ou humoristiques qui permettent d’approfondir son personnage et de faire monter la tension jusqu’au prochain assaut. Le film est intense mais ne se départit jamais d’un humour tantôt burlesque tantôt décalé comme cette séquence ou Everly entre deux attaques nettoie son appartement.
De nombreuses influences planent sur le film celle de Frank Miller pour son mélange d’héroïnes, de criminels japonais et de violence stylisée (les sais employés par une des assaillantes renvoie directement à Elektra) et bien sur celle de Quentin Tarantino, la relation entre Everly et Taiko renvoie à Kill Bill et la présence d’un protagoniste blessé fatalement au ventre qui tient compagnie à Everly rappelle l’agonie de M.Orange dans Reservoir Dogs, on ajoutera un clin d’oeil à Die Hard puisque l’action se déroule au moment de Noel mais Joe lynch ne se laisse pas écraser par ses références et tient le cap de son film.
Everly est un huis-clos d’une grande richesse visuelle la photo de Steve Gainer (Super) ne dépareillerait pas dans un film à gros budget, le production-design qui revêt une importance d’autant plus grande que le film se déroule dans un décor unique est signé Ondrej Nekvasil chef décorateur de Snowpiercer.
Conclusion : Jubilatoire, ultraviolent et émouvant ce Die Hard dans un appartement impose la sublime Salma Hayek en nouvelle action-hero et fait de Joe Lynch un réalisateur à suivre.