Marrant, ce film, c'est à la fois la suite de "Dazed and Confused" (concept similaire et suite logique) et celle de "Boyhood" (celui-ci commence là où le précédent terminait, un ado quoi débarque au collège). Après, c'est une suite logique à toute l'oeuvre de Linklater dans la mesure où l'on retrouve ses thèmes, ses questionnements. D'ailleurs dans le film, il est question de "The twilight zone" : au fond, la plupart des films de Richard sont une entrée dans la quatrième dimension : la plupart du temps, il joue sur le temps qu'il étire de manière fantastique (comme ici, nous avons ce compte-à-rebours digne d'une fin du monde) et puis parfois il investi l'espace (notamment au travers de ses parties de Base-Ball mais aussi de ses concerts de Rock ou tout simplement lorsque ses personnages consomment trop de drogues ; on retrouve cette notion de l'espace dilaté au travers de longues séquences qui consistent à juste regarder quelqu'un parler dans un espace précis). C'est tout bête comme ça, mais lorsque les personnages se mettent à parler de cette série mythique, j'ai vraiment eu l'impression qu'en fait Richard avait sa propre dimension à nous présenter.
Le scénario est proche de celui de "Dazed and Confused", avec des personnages qui parlent beaucoup de choses et d'autres et sans réel objectif à atteindre si ce n'est un compte-à-rebours annonçant la fin d'une étape et le début d'une autre. Il ne se passe pas grand chose, mais allez savoir pourquoi, ça fonctionne : peut-être parce qu'on se retrouve dans ces personnages en quête d'identité. Et puis aussi parce que Richard, même s'il ne fait pas dans la dentelle, divertit son public, ne cherche pas uniquement à parler de philosophie, il propose des situations drôles. Les personnages sont sympathiques ; les secondaires auraient pu être plus creusés, il aurait pu y avoir plus de personnages féminins aussi, mais en l'état on trouve son bonheur grâce à des personnalités variées (ce qui n'empêche pas quelques malencontreuses redondances comme le fait qu'il y ait des mauvais perdants). Tout n'est pas crédible dans le film : certains personnages ont un recul bien trop mature par rapport à une époque qui date du mois précédent (c'est vrai que certaines personnes s'auto-analysent comme ça, mais avec un résultat moins 'intelligent').
La mise en scène fonctionne bien. On voit que Dick a du pognon maintenant, qu'il n'en est plus à faire des séquences sans possibilité de les retourner mais bon, son découpage est simple, sobre, efficace. Sa caméra suit les personnages convenablement, si bien que le spectateur s’immisce assez facilement dans la vie de ces jeunes étudiants. Les acteurs sont très chouettes, tous semblent s'amuser dans ce film et ça fait plaisir, ça rend certaines scènes plus efficaces car on sent une réelle alchimie entre les jeunes vedettes. La BO est bonne mais il faut avouer que tout est mis n'importe comment et qu'il y a bien trop de morceaux. D'ailleurs il n'y a que très peu de silences dans ce film.
Bref, je me suis bien marré, Richard Linklater est toujours aussi bon pour faire des scènes qui ne parlent de rien. Et puis surtout, au-delà du message philosophique sur le présent, l'identité et tout le tralala, ça reste un teenage movie avec des ado qui ne pensent qu'à une chose...