Everybody Wants Some !! est un vrai bon feel good movie et c'est surtout un film qui symbolise tout ce que j'aime dans le cinéma de Richard Linklater. C'est un film qui s'inscrit dans la parfaite continuité de Boyhood et c'est aussi en quelque sorte le pendant de Dazed and Confused, dans les années 80.
J'adore le cinéma de Richard Linklater et même plus que ça, j'adore ce bonhomme. J'ai plus que de l'amour pour sa trilogie des Before, ça va même au delà de l'amour, tellement cette trilogie me touche au plus profond de mon cœur. Et bien sûr il y a Boyhood, très certainement mon film préféré de ces 10 dernières années. Son cinéma transpire la sincérité et lorsqu'on regarde un film de Richard Linklater, on a vraiment l'impression de le voir lui à l'écran. C'est donc un vrai auteur, avec une vraie patte personnelle.
Everybody Wants Some !! c'est du 100% Richard Linklater, il y développe tous les thèmes qui lui son chers, les rapports humains forts, le passage à l'âge adulte (ou le refus du passage à l'âge adulte), l'esprit de camaraderie et son amour pour la jeunesse. C'est aussi un film plein de mélancolie, mais de la mélancolie avec un sourire au coin des lèvres et un rapport très personnel à la nostalgie, mais une nostalgie heureuse, sans le moindre regret.
Nous sommes en 1980, trois jours avant la rentrée universitaire et nous suivons une équipe de baseball gentiment couillonne, qui va expérimenter tout ce que des jeune hommes gentiment couillons peuvent expérimenter à cet âge là. Le héros de cette troupe de couillons est Jake (Blake Jenner), un lanceur de première année, qui rejoint le reste de l’équipe dans l’une des deux maisons mises à disposition par le programme universitaire ... et situées hors du campus et donc sans surveillance.
Nous sommes donc en 1980 et on a vraiment l’impression d’être en 1980. La jeunesse déborde d’optimisme et veut tout expérimenter, l'alcool, les drogues et le sexe bien sûr. Nous suivons cette bande de couillons qui nous parlent de leur passion pour le baseball et des jolies filles. Dixit le très grand philosophe hippie Willoughby interprété par Wyatt Russell (le fils de Kurt) : "Don't be afraid to let the experience find you". C'est complètement dans l'esprit du film, car c'est à 20 ans que nous faisons de nouvelles expériences, qui nous transforment.
Tous les personnages ont leur propre personnalité et on sent que le film laisse une grande part à l'improvisation. Si tous les acteurs su film semblent jouer avec une telle aisance, c'est peut-être bien parce qu'ils ne jouent pas justement, ou dit autrement, ils jouent leurs propres rôles à l'écran. Mais si je ne devais retenir qu'un seul personnage du film, ce serait probablement Finn (Glen Powell), l’homme de ces dames qui délivre des aphorismes très Linklateriens tout au long du film. Richard Linklater trouve en lui le messager parfait pour transporter à l’écran ses pensées philosophiques et poétiques, toujours bien placées entre deux couillonnades.
Ce qui rend ce film si différent, c’est que dès le début cette bande de sportifs universitaire savent très bien qu’ils ne deviendront jamais pros, mais ils voient tout du côté positif, avec la bonne attitude et avec réalisme. Dans Boyhood, Richard Linklater montrait de façon unique, comment un jeune garçon grandit. Dans Dazed And Confused, il montrait les derniers jours au Lycée. Dans Everybody Wants Some !! il dresse le portrait de jeunes hommes, qui doivent rapidement passer à l'âge adulte.
Au cours de cette histoire de passage à l’âge adulte, ils vivent la vie universitaire avec le même enthousiasme que pour la pratique du baseball, ne marquant pas toujours des points, mais toujours avec un esprit de conquête, comme si les deux matchs étaient une mise à l'épreuve et un passage obligé vers le succès (très certainement une caractéristique de la mentalité américaine). En voyant un ouvrier peindre une maison près du terrain d'entrainement, en hauteur au dessus de tribunes, tous imaginent que c'est un recruteur déguisé pour les observer discrètement ... alors que c'est très probablement un simple ouvrier peintre et rien d'autre. Tout ce qu'on peut en déduire, c'est qu'il faut toujours se tenir prêt au cas où une opportunité se présente et si elle se présente, il faut la saisir (aka adoptez la mentalité de winner).
Everybody Wants Some !! est une comédie en mode teenage movie, mais un teenage movie qui défend son propos avec bien plus de force et de sincérité que les autres films avec lesquels on le compare. Le passage à l'âge adulte et l'esprit de compétition très fort à cet âge là, est abordé ici avec beaucoup de finesse, au milieu de toutes ces couillonnades. Il y a toujours une action ou une ligne de dialogue qui va nous rappeler que nous sommes ici dans le vrai, avec de vrais personnages, des personnalité forte qui éprouvent de vrais sentiments. En gros, Everybody Wants Some !! ce n'est pas American Pie, c'est même l'anti American Pie. Ici, pas d'humour trash (ou à la limite gentiment trash), Richard Linklater préfère les bons sentiments et célèbre l’esprit de camaraderie, en témoignent les "fuck" utilisées plus d’une fois, non pas pour rabaisser l'autre, mais pour l’endurcir (avec un esprit de camaraderie, quoi !)
Tout ça, c'est un gros foutoir, mais un très bon et beau foutoir ... tellement bordélique, que ça en devient jubilatoire. Il n'y a pas spécialement de fil rouge dans cette histoire, c'est comme la vie, c'est le grand bordel. Le seul personnage un minimum sensé dans tout ça et qui pourrait être considéré comme le fil rouge de l'histoire, c'est le personnage interprété par Zoey "la trop craquante" Deutch et le rapport intime qui va s'établir entre elle et Jake. C'est l'objectif à atteindre pour Jake, il veut conquérir Zoey et inversement, car après tout, c'est bien Zoey qui a fait le premier pas et non lui.
Au milieu des VHS de Twilight Zone, de Van Halen et de Carl Sagan (dixit Willoughby : “Chapter 9, It’ll blow your mind”), Richard Linklater nous ramène dans les années 80. Et même si je n'ai jamais réellement connu cette époque (je n'étais même pas encore né en 1980) et que le film est vu sous le prisme américain, j'ai quand même ressenti un fort sentiment de nostalgie et ça c'est très fort.
Bref, Everybody Wants Some !! est un excellent teenage movie, avec une ambiance années 80 superbement magnifiée. Avec ce film, le banal devient poétique et touchant, agrémenté d'une forte sensation de mélancolie. C'est le genre de film que j'adore, le genre de film qui me fait du bien. On sort du film avec le sourire aux lèvres et c'est ça, la marque de fabrique d'un bon feel good movie.