Live and not let die

Je conseille ce documentaire à tous les mordus des films James Bond, enfin surtout ceux qui seraient amenés à s'intéresser aux coulisses de cette longue saga cinématographique. Sorti en 2012 en pleine campagne de promotion pour Skyfall, il est surtout centré au début sur le père de James Bond, l'auteur Ian Fleming, puis sur la famille de producteurs aux commandes des films depuis 1962 : les Broccoli, le patriarche Albert Romolo "Cubby" (1909-1996), sa fille Barbara et son beau-fils Michael G. Wilson (les deux tauliers actuels de la maison), et leurs associés et alliés (la famille Saltzman, Harry en particulier).

Faut pas se mentir, ça leur déroule un peu le tapis rouge aux Broccoli bien évidemment, ça les met bien en avant, mais c'est toujours intéressant de voir le chemin parcouru, depuis la genèse quand Ian Fleming galérait pour trouver LE bon filon pour adapter son héros de roman à la télé ou au cinéma à la fin des années 1950, jusqu'à la controverse (heureusement brève) qu'a suscité le recrutement de Daniel Craig dans le rôle en 2005, en passant par d'interminables embûches de copyright (un certain Kevin McClory (1926-2006) qui n'a jamais rien fait d'autre de sa vie que saliver sur ses maigres droits, intenter des procès et vouloir produire des remakes d'Opération Tonnerre - ce problème a été enfin réglé en 2013, un peu après le documentaire, quand les droits du SPECTRE ont enfin pu être renégociés, devinez pourquoi le prochain film se nomme ainsi), relationnelles (la fin de règne tourmentée de Sean Connery dans le rôle, le dramatique épisode George Lazenby, la personnalité sans concessions d'Harry Saltzman...), financières (les difficultés d'Harry Saltzman, les déboires contractuels de Pierce Brosnan, l'impact du crash de Wall Street à la fin des années 1980...) et historiques (la fin de la Guerre Froide, un certain jour de septembre 2001 qui a changé la perception de pas mal de choses...). Le succès n'a pas toujours été garanti, ils ont bataillé, parfois férocement, pour faire durer ce héros de cinéma depuis plus de cinquante ans, et ça se voit (à ce propos, ils n'ont curieusement pas parlé des gros problèmes qui ont plombé Quantum of Solace, y a des limites à la confession).

Sur la fin je ne sais guère si c'était utile d'interviewer Bill Clinton pour parler des dangers du terrorisme actuellement, bla bla bla... on connaît tous ce baratin depuis presque 15 ans là, stop.
Le montage est très habile, superposant des situations réelles et des interviews avec des extraits de la saga et surtout un brillant usage est fait des compositions de John Barry tout du long, et beaucoup parmi les moins connues, un régal pour les oreilles. Seul Sean Connery manquait à l'appel pour les acteurs principaux, de vieilles interviews de lui ont été utilisées à la place, peut-être gardait-il encore de la rancoeur, allez savoir...

Vivement Spectre en tout cas.