Evil Bong
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Evil Bong

Film de Charles Band (2006)

Un film fumeux, à consommer avec modération

Depuis les années 1970, Charles Band inonde les écrans (plus souvent petits que grands) d’une multitude de films à petit budget, qu’il produit (312 films à ce jour), scénarise (56) ou dirige (68), qui dit mieux ? Ou pire ? Il est à la tête d’une société plus ou moins stable, Full Moon Features Production, qui aura survécu à la mort des vidéo-clubs et au déclin du marché du DVD notamment grâce à quelques séries de films d’horreur aux idées farfelues. Une idée, un bon titre ou un pitch tape à l’oeil et un titre se lance. Nous lui devons en 2020 Corona Zombies (oui, oui, autour d'un certain virus), merci Charles.


Tout n’est pas à jeter, quelques bons films de série B estampillés Band subsistent, même si depuis les années 2000 les budgets sont riquiquis. Vous trouverez plus bas une liste de mes quelques explorations dans cet univers qui patauge plus qu’il ne s’élance.


A mon grand soulagement, cet Evil Bong se révèle dans la moyenne haute de ce qu’a pu faire ce bon vieux Charles, suffisamment amusante, sans non plus en faire une pépite, un peu de décence. Mieux vaut déjà être friand des « stoner comedy », comédies fumeuses et détendues (Eh Mec ! Elle est où ma caisse ?, How High, les Harold et Kumar, Jay et Bob contre-attaquent, etc.) pour apprécier le produit


Comme souvent avec Mister Band, tout le film repose sur une idée un peu loufoque, celle d’un bong maléfique qui aspire les âmes des pauvres pêcheurs qui voulaient juste se faire un petit trip. Acheté par correspondance, il arrive dans une colocation de jeunes étudiants un peu branleurs, un peu glandeurs, sauf pour le petit dernier arrivé, Alistair, élève modèle.


Ce petit cercle est présenté avec tous les clichés possibles attendus, entre le fumeur toujours défoncé ou le sportif un peu plus agité, tandis qu’Alistair est le cliché du nerd, avec sa belle raie de cheveux, ses chemises ou ses lunettes, et bien sur son comportement. Mais chacun a sa petite personnalité, sans aucune animosité, tout ce petit monde peut s’épauler ou se taquiner, sans grandes tensions.


De la tension, Evil Bong en manque tout de même un peu, certainement trop relax. Élaboré et lancé en peu de temps, le tournage s’étira sur 7 jours. Le film s’étire tout de même un peu pour atteindre les 84 minutes. Puisque le métrage n’a pas vraiment de budget, on laisse les acteurs parler et c’est assez réussi, certains dialogues sont pêchus, relevés, suffisamment caricaturaux, c’est amusant. Les comédiens poussent leur jeu, avec une pointe de cabotinage qui va de pair avec le ton exagéré du film. Certains ont une bonne prestance. Jusqu’à ce que la lassitude arrive, que la scène dure trop comme pour la rencontre avec les filles ou avec le grand-père d’un des locataires.


Dès que le méchant Bong se mettra en route (et il faudra attendre un peu), le film ne se montrera guère plus imaginatif, puisque chaque malheureux fumeur est alors transporté dans une boîte de strip-tease surnaturelle, avec quelques jeunes femmes peu vêtues, où il sera tué par une strip-teaseuse et son soutien-gorge maléfique (référence à une ligne de lingerie lancée par Charles Band, Monster Bra, ce type est aussi un sacré publicitaire). Chacune ayant son soutien-gorge maléfique, le défilé commence par des bouches aux dents aiguisées, amusant.


Ce n’est pas vraiment violent, tout au plus quelques gerbes de sang pour faire illusion. Les films Full Moon sont rarement très explicites, celui-ci est même l’un des plus sages. Les effets spéciaux sont au minimum, avec tout au plus un bong qui commence à avoir un visage humain au fil du film, pas très bien réalisé d’ailleurs. Il y n’y a que deux décors, la colocation en pagaille et la boîte de strip-tease, pour situer l’ambition du projet.


Ce sera aussi l’occasion de croiser dans le film quelques créatures déjà vues et réutilisées (de Doll Graveyard et Gingerdead Man) ou des acteurs fétiches de Full Moon Pictures (Phil Fondacaro vu dans Blood Dolls et Decadent Evil, Tim Thomerson de Trancers, Jacob Witkin, Sonny Carl Davis, etc.), une pratique récurrente chez le Charles à tout faire. Bien avant le Marvel Cinematographic Universe, il y avait déjà le Charles Band Universe, le CBU, à ne pas confondre avec le CBD. Un procédé qui permet de fidéliser le fan, qui retrouvera de film en film quelques clins d’oeil ceux-ci étant tellement prononcés qu'ils lui seront uniquement réservés.


D’autres personnalités plus marquantes viendront tout de même passer la tête à la fenêtre, avec Bill Moseley, habitué des films d’horreur, mais aussi Tommy Chong. Si le nom est peu connu par chez nous (il apparaît dans plusieurs épisodes de l’excellente série That 70’s Show), il l’est déjà plus aux États-Unis. Figure du duo comique Cheech & Chong, qui auront droit à trois films dans le genre de la « stoner comedy », il est connu pour sa consommation de cannabis et même pour avoir fait de la prison pour sa compagnie de vente de… bongs. Sa participation au film semble donc évidente, sa bonne bouille fait toujours plaisir à voir et le métrage lui offre d’ailleurs un rôle assez conséquent.


Plus proche de la comédie enfumée que du film d’horreur, Evil Bong assume son idée folle, même s’il l’exploite modestement, sans vraiment en retirer tout le pouvoir euphorique. Le film reste détendu, amusant, sans complexité, on le sent crée pour accompagner les fumeurs avec un petit joint (non inclus dans le DVD, dommage). Evil Bong fut d’ailleurs un des petits succès de Charles Band, décliné depuis en 6 suites et un crossover avec Gingerdead Man. Gaffe à pas trop tirer dessus quand même Charlie, tu vas te brûler les doigts.


D'autres critiques de films de Charles Brand :



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SimplySmackkk
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le 10 juin 2022

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