Promenons-nous dans les bois...
Alors que l'on attendait avec autant de fébrilité que de crainte un hypothétique "Evil dead 4", voilà-t-y pas que déboule à la place un reboot sentant bon le gros produit marketing qui tâche à destination des kids nés après "Jurassic Parc". Une nouvelle occasion de sacrifier quelques vierges en guise de protestation, jusqu'à ce qu'un trailer foutrement vénère ne vienne calmer doucement les esprits et attiser une certaine curiosité.
Pour apprécier cet "Evil dead" next gen, il est d'abord primordial de faire l'impasse sur la trilogie originelle, le film de Fede Alvarez, bien que chapeauté par le trio Raimi / Tappert / Campbell, n'entretenant finalement que peu de lien avec l'original si ce n'est son univers et quelques clin d'oeil à deux ou trois séquences mythiques. Pour le reste, ce reboot fait le choix judicieux de narrer sa propre histoire et surtout, d'adopter un ton différent.
Car à l'inverse du film matriciel de Sam Raimi, le film d'Alvarez laisse de côté le second degré cartoonesque pour une approche sérieuse du début à la fin, ne cherchant jamais à être drôle mais bien au contraire, à retourner les tripes des spectateurs. Un parti-pris payant car il faut bien avouer, Alvarez ne se dégonfle jamais et plonge tête baissée dans un déluge de gore ahurissant pour une production de ce genre, balançant à la face du spectateur des hectolitres de sang et de matières visqueuses, le cinéaste prenant visiblement un malin plaisir à faire subir à sa troupe de comédiens les pires sévices possibles, bien aidé qu'il est par des maquillages qui forcent le respect.
Si l'ensemble hérite malheureusement des mêmes défauts que l'original, à savoir un script con comme la lune, des dialogues ineptes, des personnages peu attachants et une interprétation inégale malgré une implication physique évidente, ces énormes scories sont heureusement transcendés par un aspect formel absolument magnifique, Fede Alvarez créant des plans de toute beauté et faisant preuve d'une véritable énergie derrière la caméra.
Bonne surprise donc que ce nouvel "Evil dead", train-fantôme crasspec et gerbant, qui n'apporte certes rien à la franchise mais qui a le mérite de tenir la distance face à son aîné dans la catégorie de la bande la plus dégueulasse possible.