Chéri, j'ai rajeuni le public
Les plus attentifs de mes réguliers lecteurs sont au courant qu'il m'arrive quotidiennement de fréquenter des gens friands d'objets culturels, dans la plénitude de leur intégrité physique.
Oui, je voulais dire: des clients.
N'étant plus aussi jeune que lorsque je débutais ma flamboyante carrière, il m'arrive, comme tous les vieux cons en devenir, de m'interroger sur la marche du monde, en essayant de discerner, à travers quelques signes disparates, une tendance, lourde ou non, qui pourrait d'une manière ou une autre éclairer les dangers ou les dérives qui nous guettent.
Ce fut d'abord une fillette d'une dizaine d'année, accompagnée de sa mère, qui voulait faire l'acquisition en DVD de ce remake d'Evil Dead, les deux ayant vu ensemble la bande-annonce avant une autre obscure production sanglante U.S..
A l'annonce de la date de sortie pas encore échue (c'était il y a quelques jours), la maman et sa rejetonne tentèrent de se rabattre sur un autre film horrifique (en excluant tout de même les slashers, jugés "trop dégoulinants").
Quelques jours plus tard, ce fût une autre gourgandine de 8 ans maximum (nous fûmes plusieurs à la voir et nous étions tous d'accord sur l'âge) qui se renseignât sur la sortie de "The conjuring". Elle ne comprit pas les remarques que nous lui prodiguâmes (pas mal, le style désuet, non ? Ça fait bien vieux con ?) au sujet de l'inadéquation entre l’œuvre et son âge, affichât une morgue confondante et rejoignit son amie, âgée de 2 ans de plus, pour exprimer sa déception. Elles purent alors commenter ensemble leurs impressions sur le premier exorciste ("la scène que j'aime pas c'est quand la tête se tourne !")
J'étais au courant de cette stat qui nous apprenait que plus d'un jeune sur deux avait vu une scène porno avant son entrée en 6ème, je crois qu'il va falloir rapidement se pencher sur le thème du film d'horreur.
Surtout que, les filles… Tant qu'à faire, autant en regarder de bons !
Ici (j'en reviens à notre Evil Dead 2013) il me semble que le moment le plus terrifiant, c'est le logo d'une des sociétés de production, avant la première image du film. Je crois également qu'il n'y a pas une scène dont on ne devine la fin, tous les poncifs étant soigneusement compilés avec un côté laborieux et ridicule qui confine au triste génie.
Et puis, pour en revenir à mes jeunes filles en fleur, c'est surtout que si on se shoote aux Evil Dead et Conjuring entre 8 et 10 ans, que faudra-t-il donc produire dans une dizaine d'années pour rassasier ces appétits carnassiers ?
En fait c'est ça qui, plus que tous les films du monde, fout le plus les jetons.