Si l'on devait trouver un mérite à Evil Dead Rise à la sortie de la salle en 2023, c'est bien qu'il donnait envie, pour se consoler de la déception plutôt amère, de revoir le remake précédent du film culte de Sam Raimi.
Et constater que Lee Cronin, finalement, n'a rien inventé, et surtout pas mal copié sur ses petits camarades. Car si Rise croit réinventer la roue en délocalisant son intrigue, c'est pour mieux dupliquer, sous couvert d'hommage, certains gimmicks slapstick de son aîné devenu hors-sujet, tout en se montrant méchant, sans pour autant renouer avec les sommets de 2013.
Et puis, quand on constate que dix années après, on en est encore à recycler les rancoeurs et rivalités fraternelles, il n'est pas interdit de penser que le genre du remake a fait un sacré sur-place.
Fede Alvarez aborde l'exercice de manière futée, tout en sachant pertinemment que quelque soit le résultat final, il ne pourra jamais rivaliser avec la folie minimaliste, l'inventivité et la vista de son aîné. Et si le remake reprend presque trait pour trait l'intrigue du chef d'oeuvre, il l'aborde cependant d'une tout autre manière.
Ainsi, en 2013, Evil Dead est presque entièrement débarrassé de ses saillies slapstick pour adopter une identité bien à lui : une horreur pure, plus sérieuse, plus moderne, sans pour autant renier l'atmosphère de ses grands frères. Et puis, parler de possession démoniaque via cette idée de la toxicomanie et du sevrage qui ravagent le corps et change la personnalité est très pertinent, ancrant le film dans une certaine réalité tangible appréciable. Tout comme cette fausse piste maligne laissant penser, au détour de quelques scènes, que la jeune Mia serait victime d'un délire hallucinatoire, brouillant la frontière entre le réel et le surnaturel.
Tandis que Fede Alvarez ne refuse jamais l'impact de sa violence à l'image, versant dans l'horreur craspec et impressionnante, esquivant l'aspect cartoon de Raimi pour privilégier une sacrée montée en tension ininterrompue et angoissante, en forme de déchainement total qui ne laisse aucun répit. Soit une énergie débordante de puissance et de rage qui prend le spectateur par le col pour ne plus jamais relâcher son étreinte.
La générosité, la hargne et l'absence de concessions en matière de douleur physique de ce ride horrifique hissent ce nouveau Evil Dead comme une expérience éprouvante et viscérale, s'inscrivant, dans le genre, aux antipodes du succès, la même année, des prémisses de la saga Conjuring. Et surtout, loin de l'échec attendu et pronostiqué dès son annonce par les gardiens du temple.
Mieux, en conservant l'esprit de son illustre modèle, Evil Dead s'impose avec brio dans la liste des remakes horrifiques les plus réussis, Fede Alvarez rejoignant ainsi Alexandre Aja et ses La Colline a des Yeux et Maniac, ou encore le Marcus Nispel de l'éblouissant Massacre à la Tronçonneuse.
De quoi garder le goût du sang en bouche encore longtemps...
Behind_the_Mask, dead by dawn.