L'idée de faire une suite à The Evil Dead est évoquée dès le premier film. Sam Raimi développe une intrigue dans laquelle Ash se retrouve au Moyen Âge. Une campagne promotionnelle annonçant a est lancé. Mais le scénario du film est refusé par Universal Pictures et 20th Century Fox, Sam Raimi va donc se concentrer sur un autre projet d’un tout autre genre.
Sam Raimi décide de changer de registre pour ne pas rester prisonnier du genre fantastique. En 1985, il réalise Crimewave, une comédie policière qu’il écrit avec les frères Coen. Le film est un véritable cartoon de Tex Avery dont le producteur est Dino De Laurentiis, producteur italien à succès.
Après l'échec de Crimewave, Sam Raimi et ses partenaires de sa boîte de production Renaissance Pictures, tentent de relancer le projet Evil Dead II : Evil Dead and the Army of Darkness, tout en sachant qu'un nouvel échec serait catastrophique pour leurs carrières.
Lors d'un diner entre Sam Raimi et Stephen King (grand fan de The Evil Dead), ce premier explique les difficultés de financement de Evil Dead II : Evil Dead and the Army of Darkness. Stephen King qui est en contrat avec Dino De Laurentiis lui demande de produire cette suite. Le producteur italien accepte rapidement. Cependant, Dino De Laurentiis demande un scénario plus proche du premier film et rejette l'intrigue médiévale envisagée.
Pour écrire le script, Sam Raimi contacte son vieil ami Scott Spiegel (qui a bossé sur Within the Woods et The Evil Dead), qui suggère un film moins horrifique et davantage tourné vers la comédie. La scène d'ouverture devrait voir revenir les cinq personnages principaux du premier film pour constituer un prologue résumant les événements précédents en une dizaine de minutes. Pour des raisons budgétaires, seuls Ash et Linda sont conservés.
On entre ainsi rapidement dans le vif du sujet : Ash seul dans la cabane, assailli par un Mal encore plus vicieux et retors qu’auparavant. Libéré des contraintes du tournage amateur du premier volet, Raimi se lâche encore plus dans sa mise en scène, innovant à chaque plan par des travellings insensés, un découpage hystérique et des angles de caméra jamais vus auparavant.
Sam Raimi voit dans cette séquelle la possibilité de réaliser le The Evil Dead qu’il n’avait pas pu faire à l’époque par manque de moyens. Fini donc l’amateurisme qui faisait en partie le charme du premier opus, place à un budget cinq fois supérieur et un tournage en studio. On aurait donc pu craindre le résultat policé, amputé de la folie furieuse qui rendait le précédent volet instantanément culte. C’est pourtant tout le contraire qui se produit. Porté par l’incommensurable talent de son metteur en scène, le film pousse encore plus loin le concept du cartoon horrifique que l’on pressentait à la vue du premier film.
Evil Dead 2 : Dead by Dawn sort en 1987.
Presque uniquement centrée sur le personnage de Ash et ses déboires avec les démons, cette première partie est un véritable tour de force cinématographique qui emporte le spectateur dans des incroyables montagnes russes horrifique. Les scènes cultes s’enchaînent sans temps mort, montrant ainsi un protagoniste de plus en plus dépassé par les événements. Jets d’hémoglobines de couleurs variées, brimades incessantes, sa main possédée par le démon, ce pauvre Ash ne se voit rien épargné, pour notre plus grand bonheur.
Impossible de ne pas rendre hommage à l’infatigable Bruce Campbell, complice de Raimi depuis leurs premiers courts métrages, dont la performance comique et physique force ici le respect tant l’acteur donne de sa personne pour donner vie aux délires du cinéaste. Visiblement prêt à tout, Campbell est un effet spécial à lui tout seul, capable de subir les pires sévices de la part d’un Sam Raimi dont le sadisme envers ses personnages n’est plus à prouver.
La seconde partie du métrage, où Ash se voit rejoindre dans la cabane par quatre acolytes, n’offre au spectateur que quelques rares moments de respiration entrecoupés de séquences chocs de plus en plus burlesques, avant de s’achever dans un final dantesque où l’anti-héros se greffera une tronçonneuse à la main pour aller en découdre avec les créatures démoniaques. Filmé non sans ironie à grand renfort de plans iconiques, Ash est présenté comme le sauveur de la situation, multipliant les actes de bravoure en prononçant des punchlines devenus instantanément mythiques.
Le twist final ouvre la voie au Evil Dead II : Evil Dead and the Army of Darkness que Sam Raimi n’a pas pu réaliser et qu’il réalisera quelques années plus tard, en s’éloignant toutefois volontairement de l’esprit des précédents volets.
Fan absolu des Trois Stooges et de Tex Avery, Sam Raimi n’a jamais caché qu’il avait toujours préféré l’humour à l’horreur. Avec Evil Dead 2 : Dead by Dawn, il concrétise enfin sa vision et nous offre tout simplement une des meilleures comédie horrifique de tous les temps. L’œuvre fondamentale d’un cinéaste qui aura gagné le respect des studios par la seule force de son talent.