On doit à Ivan Reitman la réalisation et la production des deux premiers Ghostbusters, un grand homme donc, mais aussi quelques films d'une qualité qui s'est un peu perdue dans les années 1990. Alors, à l'aube du troisième millénaire, il va tenter de renouer avec le succès grâce à Evolution, qui mélange action et humour.
Un météore s'écrase dans le désert en Arizona. L'occasion pour deux professeurs d'un collège communautaire (un Community college… Je vous ai déjà parlé de cette formidable série appelée Community ?) d'aller faire un petit tour. Ils y rencontrent un pompier volontaire témoin de l'expérience, et y trouvent un curieux échantillon. Après l'avoir étudié, ils se rendent compte non seulement que de la vie est présente dessus, mais qu'elle évolue à une vitesse folle. De retour sur les lieux du météore, l'armée est sur place. Mais elle n'est pas prête à écouter cette petite équipe lui dire ce qu'il faut faire. Dommage, parce que ça va évidemment dégénérer.
Dans la deuxième moitié des années 1990, il y eut un petit retour en force de la SF populaire dans l'espace cinématographique avec les grands succès qu'ont pu être Mars Attack, Independance Day ou Men in black. Alors quand Ivan Reitman découvre le script d'Evolution, il le réécrit à sa sauce, en visant ce qui avait fait le succès de Ghostbusters : il faut de l'action, mais aussi de quoi s’amuser.
Sauf que. Il y a du spectacle, et les effets spéciaux se débrouillent bien. Mais le scénario est d'une grande facilité, alors qu'il présentait dans les premières scènes des fondations scientifiques sérieuses, trop rapidement esquivés par la suite. Il va falloir combattre des aliens et pis c'est tout, tant pis pour les questions qui pourraient se poser. Les personnages sont plats, leur camaraderie un peu trop surjouée et l'humour aligne trop de facilités. J'en ai fait mon deuil à un moment très rectal qui plonge le film dans des recoins reculés.
Le casting n'est pourtant pas inintéressant, il y a de belles têtes d’affiches. David Duchovny était alors au sommet de sa gloire avec X-Files. Mais il n’avait pas encore appris à dérider son visage, comment voulez-vous faire rire avec cette tête ? Son partenaire, Orlando James, est un homme de télévision, inconnu de notre côté, et quand il en fait trop, il en fait trop. Beaucoup trop. Sean William Scott était hilarant dans American Pie. Il est tout au plus amusant ici, et au moins n'a pas un rôle où il est cantonné à faire l'andouille. La pauvre Julianne Moore, habituée à des rôles plus prestigieux, a pris un risque avec son personnage de scientifique maladroite. Elle sert surtout pour l'histoire de coeur du film, puisqu’il en fallait bien une, hélas.
J'en attendais peut-être trop, ayant lu à gauche et à droite que le film devait être réévalué, n’ayant pas remporté le succès public ou critique à l’époque. Je ne serais pas d'accord avec certains défenseurs du film. Le film m'apparaît surtout comme une facilité commerciale, jouant sur la recette des Ghostbusters, sur la mode des films de SF ou de la popularité de ses acteurs. Il sent quand même le film dont on devine les grosses ficelles marketings, sans grande personnalité. Dommage.